La Liste des lieux menacés de la Fiducie nationale du Canada 2024
La Fiducie nationale du Canada a publié l’édition 2024 de sa Liste des lieux menacés. La liste met en lumière au niveau national des lieux patrimoniaux menacés et les défis systémiques auxquels ils sont confrontés.
La liste de cette année met en évidence un grand nombre d’obstacles systémiques à la préservation de lieux appréciés par les communautés. La perte de lieux historiques n’efface pas seulement une partie de notre passé commun, elle enlève des monuments communautaires et rejette du carbone incorporé. Les difficultés rencontrées par les communautés historiquement marginalisées dans la lutte de sauvegarder des lieux importants pour elles sont mises en évidence dans la liste de cette année.
« La liste des lieux menacés de la Fiducie nationale attire l’attention sur la diversité des lieux patrimoniaux du Canada et sur les défis systémiques auxquels ils sont confrontés », déclare Patricia Kell, Directrice générale de la Fiducie nationale du Canada. « Nous espérons que la publication de la liste 2024 contribuera à soutenir les groupes communautaires locaux qui participent à la sauvegarde de ces lieux patrimoniaux essentiels. »
Depuis son lancement en 2005, les listes sont également utilisées par les groupes communautaires, les défenseurs du patrimoine et les acteurs du patrimoine culturel pour promouvoir la sensibilisation aux lieux spéciaux en danger à travers le Canada. La liste annuelle des lieux menacés de la Fiducie nationale du Canada englobe un large éventail de lieux en danger à travers le pays, comprenant des maisons historiques, des bâtiments institutionnels et des propriétés industrielles aux paysages culturels autochtones.
Nouvelles inscriptions
Église Sainte-Marie (Church Point, Nouvelle-Écosse) – Menace immédiate
L’église Sainte-Marie domine le paysage de la petite communauté de Church Point, à mi-chemin entre Digby et Yarmouth, dans le district de Clare, en Nouvelle-Écosse. Érigée en 1903-1905 par 1 500 bénévoles locaux, c’est la plus grande église en bois d’Amérique du Nord à 185 pieds ou 56,5 mètres d’hauteur (la hauteur d’un immeuble de 19 étages !) chacune des colonnes de 70 pieds de sa nef étant taillée entièrement d’arbres de la région. Quarante tonnes de roches ont été placées au pied du clocher pour servir de lest contre les vents violents qui soufflent régulièrement de la baie de Sainte-Marie à proximité. À l’intérieur, les hauts plafonds voûtés de la nef et les 41 vitraux importés de France donnent au visiteur un sentiment de grandeur et d’admiration. Conçue dans les styles néo-roman et français, la construction a été supervisée par le maître charpentier local Léo Melanson, qui avait déjà construit le bâtiment principal de l’Université Sainte-Anne, juste à côté, en 1899. Bien qu’il n’ait pas reçu d’éducation formelle, Melanson a construit l’Église Sainte-Marie en bois en convertissant des plans architecturaux français pour une structure en pierre, et sans aucune autre structure en bois comparable en Amérique du Nord à utiliser comme référence. En 1944, il a reçu une médaille du pape Pie XII pour son travail.. Au-delà de son importance en tant que bâtiment institutionnel, l’église monumentale revêt une grande importance en termes de patrimoine culturel pour les membres de la communauté, dont beaucoup peuvent retracer leurs ancêtres aux familles acadiennes arrivées dans la région en 1769 en provenance du Massachusetts, après avoir survécu à l’expulsion des Acadiens de Nouvelle-Écosse en 1755.
Lorsque l’église a fermé ses portes en 2019, l’archidiocèse de Halifax-Yarmouth a donné au groupe bénévole local, la Société Édifice Sainte-Marie De La Pointe, jusqu’en 2021 pour lever les fonds nécessaires à l’entretien différé du bâtiment, soit 3 000 000 $, ainsi que de concevoir une fonction durable pour ce vaste édifice. Si elle avait atteint le montant fixé, la Société deviendrait propriétaire de l’édifice. En 2021, une nouvelle prolongation du délai de collecte de fonds a été accordée, mais lorsque ce délai n’a pu être respecté, l’archevêché a déconsacré l’église le 24 novembre 2023 et l’a mise en vente en janvier 2024. Le novembre dernier, la municipalité de Clare a demandé au diocèse de réparer un épi de faîtage du clocher qui présentait un risque pour la sécurité. Peu après, le diocèse a lancé un appel d’offres pour la démolition complète de l’église en printemps 2025. « Le jour où le boulet de démolition apparaîtrait serait l’un des jours les plus tristes de ma vie », a déclaré Pierre Comeau, chef de l’ancienne Société Édifice Sainte-Marie de La Pointe, lors d’une entrevue avec les médias en 2024.
Dépôt d’armes militaire (Fredericton, N.-B.) – Menace immédiate
Érigé en 1832, le modeste bâtiment de deux étages de style géorgien de l’entrepôt d’armes de la milice est la seule structure en bois qui subsiste dans le lieu historique national du Canada du Complexe-Militaire-de-Fredericton (mieux connu sous le nom de Quartier de la garnison), qui a abrité la garnison britannique à Fredericton de 1784 à 1869. Aujourd’hui administré par le ministère de la Défense nationale (MDN), le bâtiment servait originalement à entreposer des armes et des munitions pour la milice locale. En 1882, l’ajout d’une extension arrière a permit la conversion du batiment en hôpital militaire. Depuis, il a rempli plusieurs fonctions, notamment comme entrepôt, salle de tempérance, résidence des gardiens et, jusqu’à récemment, comme bureaux du personnel du service de tourisme de la ville de Fredericton.
En mars 2024, le bâtiment subit un incendie en grande partie limité à l’extension de 1882. La partie de 1832, avec une importance historique plus approfondi, a subi des dégâts d’eau. En juillet, suite à une évaluation des dommages causés par l’incendie le MDN a recommandé la démolition et conclue dans une déclaration que le bâtiment simple et utilitaire « ne possède pas de caractéristiques patrimoniales significatives ». La ville de Fredericton et l’association Héritage Nouveau-Brunswick se sont fermement opposées à la démolition potentielle de cette importante structure du district de la garnison. « S’il était démoli, la désignation comme étant un site historique national du Complexe militaire serait radicalement transformée et dépréciée », a déclaré l’historien de l’architecture de Fredericton, John Leroux, lors d’une entrevue avec les médias en juillet. « Nous devons faire mieux que cela. Il n’y a aucune raison de ne pas faire plus d’efforts pour sauver ce bâtiment.»
Les quartiers chinois du Canada
Les quartiers chinois du Canada ne sont pas des musées, ce sont des communautés dynamiques qui rassemblent des personnes, des cultures, des histoires et des pratiques dans des zones de patrimoine urbain richement stratifiées. Pourtant, ce patrimoine vivant risque de disparaître si aucune action concertée n’est entreprise. Fondés sur ce qui était autrefois considérés des « territoires indésirables », la plupart des quartiers chinois du Canada se trouvent aujourd’hui sur les terrains les plus chers au cœur des centres urbains et sont devenus la cible d’accaparement des terres et de spéculation. En outre, la gentrification a entraîné une augmentation des loyers commerciaux dans plusieurs quartiers chinois (par exemple à Vancouver (EPL 2016), Victoria et Calgary), ce qui a eu pour effet de chasser les anciennes entreprises héritées et d’augmenter le coût du logement, entraînant le déplacement des communautés traditionnelles.
Le quartier chinois de Montréal, par exemple, a été menacé en 2020 par de nouveaux projets de construction massive de condominiums, ce qui a donné lieu à une campagne publique de protection de la zone, qui a finalement culminé à des désignations patrimoniales provinciales et municipales en 2022. Bien que le tissu physique du quartier chinois de Montréal soit plus sûr, le patrimoine culturel immatériel et les réseaux de relations qui animent la zone restent menacés, une menace commune à la plupart des quartiers chinois d’Amérique du Nord. D’autres quartiers chinois canadiens sont au bord de l’effacement physique, comme celui de Lethbridge en Alberta, où il reste qu’un seul bâtiment après une série d’incendies et de démolitions récents. Au-delà de leur importance évidente pour l’histoire des personnes d’ascendance chinoise au Canada, les quartiers chinois ont historiquement joué un rôle essentiel en tant que lieux de refuge et d’appartenance pour de nombreux groupes marginalisés. Ils font partie des dernières enclaves ethniques survivantes dans de nombreuses villes et représentent souvent d’autres communautés marginalisées qui ont été rayées de la carte.
Des groupes comme la Fondation JIA, basée à Montréal, ont joué un rôle de premier plan dans la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les quartiers chinois du Canada. Des films documentaires comme Big Fight in Little Chinatown (2022) contribuent à mettre en lumière l’urgence de la situation et à galvaniser l’action, mais il reste encore beaucoup à faire pour sauvegarder et revitaliser le précieux, et de plus en plus précaire, patrimoine culturel immatériel de ces communautés urbaines vitales.
Canada Malting Co. Limited (Montréal, Québec)
Le site de la Canada Malting Ltd., abandonné depuis longtemps et situé dans le quartier ouvrier historique de Saint-Henri, est l’un des points d’intérêt les plus importants et l’une des dernières propriétés industrielles non aménagées du lieu historique national du Canada Canal-de-Lachine qui se gentrifie rapidement. Construite en 1905, l’usine de la Canada Malting Co. Ltd était la plus grande malterie du Canada et la deuxième plus grande en Amérique du Nord au XXe siècle, transformant l’orge en malt, un service crucial pour l’industrie brassicole. Le vaste site englobe de multiples structures construites au cours de sept décennies, les éléments dominants étant : la malterie en briques de cinq étages et les bureaux, onze silos cylindriques en terre cuite mesurant de 37 mètres de hauteur et datant des années 1920 (les derniers de ce type au Canada), et 18 silos en béton datant de 1930. En 1961, la malterie est désaffectée et en 1980, la Canada Malting abandonne complètement le site qui succombe rapidement au vandalisme.
En 2012, la ville de Montréal a officiellement reconnu la valeur patrimoniale de la propriété. Au cours de la dernière décennie, une série de projets résidentiels ont été proposés. Des groupes communautaires comme Solidarité St-Henri et « À nous la Malterie » demandent que les logements sociaux prédominent et que les structures historiques du vaste site soient réhabilitées. L’ancienne usine industrielle, qui fait actuellement l’objet d’une longue procédure judiciaire concernant sa propriété, représente une formidable occasion de faire revivre l’une des icônes industrielles de Montréal et de résoudre la crise du logement qui sévit dans la ville. Cependant, après 40 ans d’abandon, le temps presse pour ces structures historiques emblématiques qui se détériorent.
Édifice Boyd (Winnipeg, MB)
Situé bien en vue sur l’avenue Portage dans le centre-ville de Winnipeg, l’immeuble Boyd de neuf étages est exemplaire de l’architecture de l’ « école de Chicago » au Manitoba, avec sa construction à ossature d’acier dotée d’une étonnante façade en terre cuite de couleur crème et bronze, fabriquée sur mesure à Chicago. Lors de son ouverture en 1913, le rez-de-chaussée était utilisé comme espace commerciale par des détailleurs Les étages supérieurs étaient majoritairement des bureaux occupés par des dentistes et des médecins donc le bâtiment fut rapidement connu sous le nom de Boyd Medical Centre. La ville de Winnipeg a désigné le bâtiment comme ressource patrimoniale municipale en 1981.
Vidée de ses locataires en 2017 pour des travaux de rénovation, la bâtisse est restée inoccupée depuis. Heritage Winnipeg et Manitoba Historical Society sont de plus en plus préoccupés par l’avenir du bâtiment, étant donné que d’autres bâtiments historiques du centre-ville, comme l’hôtel St. Charles (EPL 2023), sont tombés dans des cycles d’entretien différé et de négligence. Le Boyd Building est représentatif d’un problème beaucoup plus vaste, celui des espaces commerciaux vacants dans le centre-ville de Winnipeg, où la criminalité et les problèmes de sécurité sont éminants. Le bâtiment historique de la Compagnie de la Baie d’Hudson (EPL 2021), situé à proximité, subit une transformation actuelle en centre de services et de logements par la Southern Chiefs’ Organization Inc. en même temps que le réaménagement du Portage Place Mall avance mais le quartier est en transition. Le Boyd Block est un bâtiment solide, magnifique et une structure clé de l’avenue Portage qui pourrait être facilement adapté à des fins de logement ou autres, mais son avenir est très incertain.
Couvent de Gravelbourg (Gravelbourg, SK)
Le Couvent de Jésus et Marie (aussi connu sous le nom d’école primaire de Gravelbourg), situé dans la petite ville de Gravelbourg (pop.1000) au sud-ouest de la Saskatchewan, a fonctionné comme établissement d’enseignement de 1918 à 2015 et comme espace communautaire de 2016 à 2023. En 1995, elle a été reconnue comme partie du lieu historique national du Canada de l’Édifice ecclésiastique de Gravelbourg, une désignation comprenant également la cathédrale et la résidence de l’évêque.
Construite entre 1917 et 1927, la valeur patrimoniale de cette grande structure de quatre étages (90 000 pieds carrés) réside à la fois dans son excellence architecturale et dans ses associations historiques. Conçu par l’architecte franco-canadien distingué J.E. (Joseph) Fortin, le bâtiment illustre le style néo-classique (avec des influences franco-canadiennes et baroques) dans ses proportions monumentales et est construit en briques Claybank et en pierres Tyndall d’origine régionale. Le couvent est un important marqueur historique de la colonisation française dans l’ouest du Canada. Au fil des ans, il servait d’école publique non confessionnelle, de pensionnat pour filles et de couvent, tout en étant un centre d’apprentissage et de direction religieuse pour la région environnante.
L’école primaire de Gravelbourg avait pris en charge l’opération de l’établissement des années 1971 jusqu’à 2016 lorsqu’elle avait déménagé. La ville de Gravelbourg a donc accepté de devenir propriétaire de l’édifice tout en s’efforçant de le transformer en complexe d’hébergement assisté. Malgré les efforts considérables du personnel municipal et des bénévoles de la communauté, le projet a finalement échoué en raison de blocages financiers et des perturbations causées par la pandémie COVID-19. De 2016 à 2023, l’ancien premier étage du couvent a été utilisé comme espace communautaire et était loué à des artistes, des organisations à but non lucratif et à des petites entreprises. En 2023, la ville a expulsé les locataires et a fermé le couvent au public en raison des coûts élevés de chauffage et d’entretien.
En décembre 2022, le couvent a été victime d’actes de vandalisme importants, résultants à la destruction des luminaires, des portes et des statues religieuses. Malgré les efforts de la ville pour sécuriser le bâtiment, il reste vulnérable aux effractions en raison de son âge et de sa grande taille. Depuis avril 2023, le couvent est inoccupé et dépourvu de chauffage, d’eau et d’égouts. Ses signes de détérioration tels que leplâtre effrité, son plancher déformé, des fissures dans les murs et desdégâts d’eau sont de plus en plus évidents. La communauté est toujours en support de la sauvegarde de ce monument impressionnant et des idées circules des nombreuses fonctions qu’il pourrait remplir. Il servirait exceptionnellement comme maison de retraite/résidence assistée, comme logement locatif, retraite artistique, lieu d’accueil ouautres espaces à usage mixte. En janvier 2023, la ville a lancé un appel pour desmanifestations d’intérêt pour la réutilisation adaptative du couvent, mais aucune proposition n’a malheureusement été soumise.
Bâtiment 200 (Whitehorse, Yukon)
Mélangeant des éléments modernes et classiques dans ses surfaces de béton lisses et épurées, l’impressionnant bâtiment 200 du gouvernement fédéral (également connu comme l’Ancien système des routes du Nord-Ouest ) est situé bien en évidence sur la route de l’Alaska, à l’extrémité nord-ouest de Whitehorse. Achevé en 1952, le bâtiment 200 a été conçu par le ministère de la Défense nationale pour servir de caserne à plus de 150 membres du personnel responsable de l’entretien et de l’amélioration de la route de l’Alaska , mais il a rapidement été transformé en espace de bureaux pour le quartier général. Dans une période de développement d’après-guerre au Yukon caractérisée par des bâtiments construits à la hâte, la qualité des matériaux et le haut niveau d’exécution du bâtiment 200 témoignent de l’engagement du gouvernement fédéral envers l’avenir du territoire et du statut de Whitehorse en tant que nouvelle capitale en 1953. Le bâtiment rectangulaire de deux étages de style moderne classique présente un élégant portique central avec des colonnes en béton, flanqué de longues ailes symétriques avec des bandes aérodynamiques distinctives. En 1992, le bâtiment 200 a été inscrit sur la liste des bâtiments reconnus par le Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine (BEEFP).
Au début du mois de décembre 2024, le bâtiment 200 a été inscrit à la Banque publique de terres du Canada du gouvernement fédéral, un registre qui, par nature, semble impliquer la démolition des structures existantes. On ne sait pas exactement comment La manière dont la valeur patrimoniale de ce bâtiment de longue date sera prise en compte dans le réaménagement de cette propriété est inconnue, étant donné qu’il n’y a pas de processus patrimonial facilement discernable en place pour évaluer les projets potentiels. Le bâtiment 200 n’est qu’un exemple de l’ambiguïté qui entoure actuellement les 1 337 bâtiments patrimoniaux reconnus ou classés du gouvernement fédéral, d’ou seulement environ 42 % des bâtiments fédéraux ont fait l’objet d’une évaluation de leur valeur patrimoniale.
Ce manque de clarté sur les édifices patrimoniax est d’autant plus préoccupant maintenant que le gouvernement fédéral s’apprête à procéder à la plus grande cession de bâtiments fédéraux de l’histoire du Canada, en se séparant de plusieurs milliers des 38 572 bâtiments qu’il possède. Actuellement, l’« Optimisation du portefeuille : liste d’aliénation» du gouvernement fédéral contient 106 propriétés excédentaires mais ce nombre va bientôt augmenter de façon spectaculaire. La plupart des problèmes auxquels sont confrontés le bâtiment 200 et d’autres édifices patrimoniaux fédéraux sont dus au fait que le Canada est le seul pays du G7 sans lois ou règlements pour la protection les édifices patrimoniaux appartenant au gouvernement fédéral. Cela peut paraître absurde, mais rien ne s’oppose juridiquement à la démolition des bâtiments du Parlement. Le projet de loi C-23 sur les lieux historiques du Canada, bloqué en deuxième lecture à la Chambre des communes depuis 2023, était en but d’apporter une partie de cette protection législative. Des efforts doivent être faits pour reprendre le débat en deuxième lecture sur cet important projet de loi, afin qu’il puisse être considéré par le Comité de l’environnement de la Chambre des communes afin de devenir une loi.
Anciennes listes en danger immédiat
Musées du centenaire – Musée royal de l’Alberta et Centre des sciences de l’Ontario
L’ancien Musée royal de l’Alberta (EPL 2016) à Edmonton – un projet du centenaire du Canada et un joyau de modernise du milieu du siècle – est à quelques jours de la démolition totale, victime d’un gouvernement provincial qui n’a apparemment ni la volonté ni la capacité de débloquer des possibilités de réutilisation pour ce bien public bien-aimé. « Ce bâtiment appartient à tous les Albertains », a déclaré la sénatrice Paula Simons dans les médias. « C’est un bâtiment magnifique où l’art est littéralement sculpté dans les murs. Genre, qu’est-ce qu’on est en train de faire ? ». De même, à Toronto, le Centre des sciences de l’Ontario (EPL 2023) – un bâtiment audacieusement innovant et internationalement reconnu, conçu par le regretté Raymond Moriyama – risque d’être anéanti après la décision du gouvernement provincial de ne pas réparer son toit et de déplacer une version réduite du musée à Ontario Place. Ironiquement, le paysage culturel exceptionnel de la Place de l’Ontario elle-même (EPL 2012), signalé par le World Monuments Watch, est menacé par un vaste projet de spa et de réaménagement.
Les menaces qui pèsent sur ces musées canadiens emblématiques, connus de millions de visiteurs, soulignent la précarité croissante des bâtiments publics provinciaux, territoriaux et municipaux, dont beaucoup datent de la période moderne du milieu du siècle dernier. Par exemple, des espaces publics autrefois appréciés, comme la bibliothèque centrale de Regina ou la bibliothèque commémorative de Halifax, ont été déclarés prématurément obsolètes ou restent inoccupés. La réutilisation adaptative des bâtiments patrimoniaux est une action en faveur du climat et le Canada nécéssite que les administrations provinciales, territoriales et municipales acquièrent l’expertise et la vision nécessaires à la transition active de ces biens publics chéris de longue date.
Ponts historiques
Le gouvernement fédéral semble prêt à démolir le monumental pont Alexandra (EPL 2021), une merveille d’ingénierie reconnue par la Société canadienne de génie civil, qui relie Gatineau (Québec) et Ottawa (Ontario) situé au bas de la colline du Parlement depuis 125 ans. Cette situation est révélatrice du manque de considération pour les ponts historiques du Canada. Bien qu’un petit nombre desponts historiques, comme le High Level Bridge (1913) à Edmonton et le pont de Québec (EPL 2015) à Québec, font l’objet de travaux d’amélioration pour prolonger leur durée de vie jusqu’en 2100, la plupart sont déclarés prématurément obsolètes.
De même, d’autres niveaux gouvernementaux ne sont pas préoccupés par les ponts en tant que patrimoine. Au Nouveau-Brunswick, un certain nombre de ses célèbres ponts couverts [EPL 2018], tels que les ponts William Mitton et Wheaton, sont à nouveau en danger. Ailleurs au Canada, d’autres ponts historiques sont similairement menacés : le Pont Arlington (Winnipeg) ; le Pont tournant de Little Current (île Manitoulin, ON) ; et le Pont CPR Railway sur la Rivière Rideau (Ottawa). Les procédures gouvernementales à tous les niveaux dans le secteur du patrimoine ne considèrent pas adéquatement la valeur patrimoniale de ces ouvrages d’ingénierie emblématiques.
Lieux historiques de la foi
L’église catholique romaine St Patrick à Halifax (EPL 2008) – un rare survivant de l’explosion de 1917 à Halifax – a longtemps été considérée comme « sauvée », mais a récemment été remise en péril lorsqu’une évaluation structurelle a jugé que le bâtiment n’était pas sûr. Il y a entre 15 000 et 20 000 édifices religieux estimés au Canada et une stratégie nationale avec un financement est nécessaire. Uniquement, le Québec a le Conseil du patrimoine religieux depuis 2014 pour faire face au nombre croissant de lieux de foi en péril et propices pour des réutilisations adaptatives. Bien que ces bâtiments emblématiques soient souvent riches en valeur patrimoniale et magnifiquement construits, ils constituent également des « tiers-lieux » précieux pour les groupes à but non lucratif et communautaires (p. ex. Les garderies, lieux d’activités pour les personnes âgées, bureaux de vote municipaux, salles de réunion), de sorte que leur perte potentielle a des répercussions communautaires considérables. Plusieurs des lieux de foi actuellement menacés au Canada ont des factures d’entretien coûteuses différées en raison du déclin congrégationnel – par exemple, l’église Holy Trinity (Winnipeg) et l’église Saint-Clément de Viauville (Montréal) – ce qui entrave gravement les possibilités de réutilisation adaptative.