L’histoire des Noirs dans cinq Fiducies nationales
Février est le Mois de l’histoire des Noirs au Canada. D’un bout à l’autre du pays, les Canadiens partagent des histoires à propos de personnes ayant joué un rôle dans la fondation, la défense et la direction des communautés noires. Il existe d’innombrables occasions d’en apprendre davantage sur l’étendue de la contribution des noirs au Canada et d’intéressantes conversations ont lieu partout au monde à ce sujet et sur la nécessité de mettre en valeur les voix marginalisées. La Fiducie nationale du Canada entretient de très bonnes relations avec plusieurs autres fiducies du monde, entre autres au Royaume-Uni, en Écosse, en Australie, en Belgique, en Allemagne et aux Bermudes, pour ne nommer que celles-ci. Voici la façon dont quelques-unes de ces organisations internationales reconnaissent l’histoire des Noirs et les héritages compliqués qui changent la façon dont les histoires sont racontées.
Royaume-Uni
Le Royaume-Uni a sans aucun doute une histoire compliquée d’impérialisme, d’exploitation et de racisme qui s’est étendue sur le monde tout au long du millésime dernier Le National Trust desservant l’Angleterre, le pays de Gales et l’Irlande du Nord est le plus grand organisme de bienfaisance voué à la conservation de l’Europe et a récemment célébré ses 125 années de service. Il s’occupe de plus de 300 maisons et bâtiments historiques au sein du Royaume-Uni, en plus de vastes côtes, paysages, collections d’art et d’artefacts. En 2020, le Trust a publié un rapport révolutionnaire : « Interim Report on Connections between Colonialism and Properties now in the Care of the National Trust, Including Links with Historic Slavery». Les données du rapport comprennent des sources historiques de richesse associées au commerce mondial des esclaves, des biens et des produits provenant du travail asservi et la Compagnie anglaise des Indes orientales pour les bâtiments et domaines importants qui sont sous sa garde.
La décision du Trust voulant examiner les liens entre ses sites idylliques et le trafic des esclaves n’a pas été bien reçue par une minorité enflammée du pays insulaire. Les conservateurs de droite, dont 26 membres du parlement, ont déposé une plainte formelle concernant le fait que l’organisme de bienfaisance financé par l’État a outrepassé son rôle de gardien pour promouvoir « les programmes de la gauche contre la blancheur ». Cette réaction choquante à ce rapport a mis en lumière la nécessité d’une éducation à l’histoire des Noirs au Royaume-Uni et qu’une mémoire sélective existe toujours en référence à son histoire impériale bien documentée. Le Royaume-Uni célèbre le Mois de l’histoire des Noirs en octobre. Le National Trust a partagé à ce moment des programmes et des histoires au sujet de maisons comme le château de Penrhyn, illustré ci-dessus.
Le Pays-Bas
Le colonialisme néerlandais a joué un grand rôle dans l’exploitation de l’Afrique et le développement de la traite transatlantique des esclaves. « Traces d’un passé esclavagiste » est un projet du Gelderland Trust qui a pour but de visualiser et de préserver l’histoire d’esclavage de la région, surtout durant la période de la colonisation néerlandaise mondiale. Bien que la pratique ait été abolie en 1863, ses traces sont toujours présentes sous plusieurs formes dans notre société, dont dans les maisons historiques et les collections telles qu’illustrées par cette peinture néerlandaise du château de Cannenburch. Aucune information n’est connue du jeune serviteur noir de ce tableau, mais la fiducie entretient actuellement des recherches chronologiques des archives sur son histoire par le conservateur du château, dans le but d’offrir une narration plus inclusive aux visiteurs.
« Traces d’un passé esclavagiste » est un projet à plusieurs facettes comprenant des entrevues avec des descendants d’esclaves et de propriétaires de plantation, des ateliers sur la façon de retracer les lignées de l’esclavage et des performances publiques qui mettent en lumière les répercussions actuelles du côté sombre de la prospérité néerlandaise.
« Radiant Shadow », un spectacle de danse par Farida Nbibaks, explore les traces restantes de l’esclavagisme dans la Gueldre. « Il y a de cela quatre générations, ma grand-mère est née esclave, et ce passé ne peut pas simplement être effacé, » raconte la danseuse. La performance sera présentée en première le 1er juillet 2021, fête du Keti Koti (jour de l’émancipation) au Suriname et dans les Antilles néerlandaises, et doit avoir lieu à l’une des maisons historiques appartenant à la fiducie, comme forme de réconciliation.
Écosse
L’Écosse célèbre le Mois de l’histoire des Noirs en octobre. Le National Trust a rendu publique une série d’études concernant l’histoire des Écoissais noirs, laquelle provient d’il y a des centaines d’années. Son projet principal intitulé « Facing our Past » a été conçu pour contribuer à une plus grande image historique en explorant les façons spécifiques dont le système d’esclavage est relié aux maisons, aux collections, aux jardins et aux domaines détenus et entretenu par le National Trust de l’Écosse. Bien que l’esclavage ne soit pas le seul aspect de l’histoire des Noirs à être étudié, les liens entre les monuments historiques et le travail des esclaves ont fait l’objet d’un examen minutieux international, en particulier au cours de l’année dernière.
Un article concernant l’héritage des Africains à la cour de James IV examine une composante différente de l’histoire des Noirs en Écosse. Durant son règne, le pays se développait comme centre de style et d’influence économique en Europe. Ceci a donné naissance à une cour multiculturelle, puisque le roi s’entourait d’artistes et de conseillers du monde entier. Des mentions spécifiques de danseurs et de musiciens africains, de serviteurs rémunérés et de dignitaires en visite indiquent qu’il y avait bel et bien des citoyens noirs en Écosse bien avant le dix-huitième siècle, moment auquel ils sont censés être arrivés. Malgré leur présence dans les archives, on n’en sait que très peu au sujet de ces premiers Écossais noirs, et leurs histoires n’ont pas encore été racontées.
États-Unis
Durant sa conférence en octobre 2020, le National Trust for Historic Preservation a offert une session sur l’industrie du tourisme dans la région la plus au sud du pays, en particulier au sujet du tourisme de plantation et des mariages à destination. Alors que les interprétations de ces lieux changent, des conversations difficiles se tiennent sur la façon dont ces sites de violence et de traumatisme racistes peuvent être négociés avec les récits établis du charme du Sud et de la prospérité des Blancs. L’esclavage a été aboli en 1865 aux États-Unis, mais beaucoup de gens sont toujours attirés par ces plantations avec des visions de juleps à la menthe sur la véranda et des idées de son charme comme présenté dans « Autant en emporte le vent ».
Olivia Williams est guide touristique au site historique de la plantation McLeod à Charleston, aux États-Unis. Ses tours font lumières sur l’esclavagisme des femmes et des enfants. Elle a récemment pris part à des entrevues avec la BBC, le New York Times et PreserveCast où elle mentionne que les visiteurs disent que « l’esclavagisme n’était pas si pire ». La plantation où elle travaille concentre ses interprétations sur les histoires des Noirs et des Blancs du passé complexe de Charleston. La maison principale est laissée à elle-même avec une interprétation autoguidée. Chaque interprète est invité à trouver son propre champ d’intérêt pour guider les visiteurs à la plantation.
Le Centre national des sciences humaines (National Humanities Center) estime qu’il y avait plus de 46 000 plantations d’un bout à l’autre des états du Sud lors de l’apogée de l’esclavage. Un choix est à faire pour les centaines qui demeurent ouvertes au tourisme : quelle histoire, des Noirs et des Blancs, sera racontée?
Canada
À la Fiducie nationale du Canada, nous avons pour mission de donner vie au patrimoine. Une partie de notre travail comprend la mise en valeur des voix et des histoires des lieux du Canada. Notre programme Lieux Passeport comprend 94 lieux historiques d’un bout à l’autre du pays, dont la Site historique de la Case de l’oncle Tom à Dresden et le lieu historique national de Buxton à Buxton, tous les deux en Ontario. Ces deux endroits ont été colonisés par d’anciens esclaves américains et possèdent une riche histoire au sujet de la fondation de la communauté noire et des défis auxquels sont confrontées les colonies racisées au fur et à mesure de leur croissance.
Un des fondateurs du Shiloh Centre for Multicultural Roots à Edmonton a récemment paru dans notre magazine en tant que « personne à suivre » : Les récentes initiatives de Deborah Dobbins consistent à faire en sorte que l’histoire régionale des Noirs fasse partie du programme provincial et à créer un documentaire primé sur les colons noirs et leurs expériences de discrimination dans les Prairies canadiennes.
La Fiducie est déterminée à promouvoir une narration diversifiée par des personnes ayant du vécu. Durant le Mois de l’histoire des Noirs, nous continuerons de partager des histoires, des programmes et des possibilités de défense pour des sites du patrimoine qui sont importants au passé et au présent des communautés noires du Canada.