Lauréats du Prix du XXe siècle

 

2020 | 2019 | 2018 | 2017 | 2015 | 2014 | 2013 | 2012


2020


Lauréat

Jardin des papillons de Niagara Falls – Niagara Falls (Ontario)

Architectes : Baird Sampson Neuert Architects

Photo : Richard Seck

Le jardin des papillons de la Commission des parcs du Niagara est un complexe exemplaire de bâtiments en verre consacrés à l’observation publique et à l’élevage de papillons vivants. Achevé en 1994, il reste la plus grande installation de ce type en Amérique du Nord et la plus septentrionale. Lors de son ouverture, il a été salué dans The Economist comme une réalisation internationale de premier plan. Le jardin est rapidement devenu une attraction « incontournable » de la région de Niagara Falls.

Le projet a été conçu comme une attraction à l’année pour compléter le Jardin botanique des parcs du Niagara situé à proximité. Le bâtiment a également permis d’élargir les activités éducatives pour les étudiants de la Niagara Parks Horticulture School.

L’efficacité énergétique a constitué un élément important de l’approche de « conception intégrée » adoptée par l’équipe d’architectes et d’ingénieurs. Les concepteurs se sont concentrés sur les questions de rendement des enveloppes et ont cherché à s’inspirer de l’expérience du secteur des serres de production. La conception de tous les systèmes de construction a été considérée de manière globale, y compris la capacité de gestion de la circulation de l’air naturel. Les papillons ne volent qu’à la lumière du jour, c’est pourquoi l’éclairage naturel a été au premier plan des travaux d’intégration des systèmes.

Photo : Richard Seck

La qualité de la planification et de la conception du jardin des papillons s’est traduite par un succès opérationnel exceptionnel depuis plus de 25 ans. Près de 8 millions de personnes ont visité l’installation. Lors d’une journée de pointe, 2 000 visiteurs franchissent ses portes. La satisfaction des visiteurs et du personnel reste très élevée et le bâtiment fonctionne comme prévu.

Commentaires du jury

« Ce projet témoigne d’une approche holistique de l’architecture par sa sensibilité au lieu, son importance, son expression architecturale et sa réponse par la recherche et la technologie aux exigences de son programme hors du commun. Ancré dans son contexte tout en exprimant une sensibilité esthétique très canadienne, le bâtiment est un exemple durable et de qualité d’une architecture respectueuse de l’environnement qui a présagé les préoccupations en matière de durabilité du 21e siècle.

Le choix du Jardin des papillons illustre bien la valeur du Prix du XXe siècle. Ce projet n’était peut-être pas en vogue au moment de son achèvement en 1996, mais avec le recul, nous voyons un bâtiment qui a résisté à l’épreuve du temps et qui a été un précurseur de ce que nous comprenons maintenant comme une conception durable. La conception du bâtiment repose sur la résolution minutieuse des problèmes, l’utilisation de matériaux naturels, durables et réparables et une approche poétique du paysage. À eux seuls, ces éléments font que ce projet se démarque et propose des lignes directrices aux architectes d’aujourd’hui. »

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Certificat de mérite

Pont pour cyclistes et piétons de la rivière Humber – Toronto (Ontario)

Architectes : Montgomery Sisam Architects

Photo Credit: Robert Burley

Le pont pour cyclistes et piétons de la rivière Humber constitue un lien vital avec le réseau de sentiers riverains le long du lac Ontario. La conception a nécessité la mobilisation d’une équipe intégrée d’ingénieurs, d’architectes, d’architectes paysagistes et d’artistes qui ont su mettre en valeur le patrimoine culturel et naturel du site.

La forme en arche et les culées en béton semblables à un cairn ouvrent la voie à ce qui était autrefois une ancienne voie de commerce des peuples autochtones des forêts de l’Est, qui ont fréquenté le site pendant plus de 200 ans. La superstructure en acier qui relie les deux arcs tubulaires reprend l’image abstraite de l’Oiseau-Tonnerre – le roi de toutes les espèces volantes – une icône de ces peuples autochtones. Des panneaux gravés représentant l’histoire complexe du site sont situés sur les voies piétonnières sous le tablier du pont. Des motifs de serpents et de tortues ont été intégrés en reconnaissance du milieu naturel à l’embouchure de la rivière Humber.

Sur le plan structurel, le tablier en béton post-contraint du pont est soutenu par des poutres en acier suspendues par des tiges en acier inoxydable à deux arcs paraboliques en acier. La superstructure a été entièrement construite sur les berges du fleuve avant d’être hissée en position par une grue installée sur une barge.

Dans ses mémoires Witness to a City, l’ancien maire de Toronto David Miller écrit que le pont de la rivière Humber « défend l’idée que les investissements dans les grands lieux publics ont une valeur durable, et que l’argent public peut et doit être investi dans de beaux endroits qui nous profitent à tous ». En définitive, le pont est un lien : entre Toronto et Etobicoke, mais aussi entre le passé, le présent et l’avenir.

Commentaires du jury

« Ce projet contemporain intègre avec succès les aspects emblématiques de l’histoire et de la culture des lieux tout en répondant aux besoins actuels en matière d’infrastructures pour les piétons et les cyclistes.

Le pont pour cyclistes et piétons de la rivière Humber est le fruit d’une collaboration unique entre des disciplines de conception qui a donné naissance à un magnifique ouvrage d’ingénierie et d’architecture. Il est également un précurseur dans la création d’infrastructures de transport non motorisé et est devenu un point phare dans la communauté. »

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2019

Royal Manitoba Theatre Centre – Winnipeg (Manitoba)

Architectes: Number TEN Architectural Group

Photo : Leif Norman

Le Royal Manitoba Theatre Centre (Royal MTC), inauguré en 1970, a été conçu par la firme Number TEN Architectural Group (qui s’appelait à l’origine Waisman Ross Blankstein Coop Gillmor Hanna) de Winnipeg.

Le Manitoba Theatre Centre créé par John Hirsch et Tom Hendry en 1958, a été le premier théâtre régional au Canada. John Hirsch menait une brillante carrière au festival de Stratford et ailleurs, alors que la compagnie théâtrale du Manitoba prospérait et galvanisait le développement du théâtre régional au Canada. Le Royal MTC a été désigné lieu historique national du Canada parce qu’il exprime l’architecture brutaliste à petite échelle au pays, et en raison de l’influence qu’a exercée la compagnie qu’il héberge sur la diffusion du théâtre au Canada.

L’architecte principal de ce bâtiment de 785 places, Allan H. Waisman, et son concepteur, l’architecte Robert Kirby, ont travaillé en étroite collaboration avec le directeur artistique de la compagnie théâtrale, Eddie Gilbert. Le Royal MTC est l’un des trois seuls lieux historiques nationaux du Canada désignés pour l’excellence de l’architecture brutaliste, les deux autres étant le Centre des arts de la Confédération, à Charlottetown et le Centre national des arts à Ottawa.

Les membres du jury ont loué le design du Royal MTC qui crée « l’intimité théâtrale entre le public et l’acteur ». Le foyer du bâtiment comprend des fenêtres d’observation donnant sur l’arrière-scène, de sorte que les spectateurs peuvent voir tous les aspects d’une production. « Ce design permet de mieux saisir et de mieux apprécier les relations entre les techniciens en coulisse, les comédiens sur scène et les spectateurs dans la salle, un contact qui s’établit en toute simplicité. Il explore les aspects sociaux, politiques et matériels et les caractéristiques du lieu pour favoriser la créativité et à l’innovation. »

Selon Andrew Waldron, historien de l’architecture, « l’avant-scène qui se prolonge, les espaces semi-privés tranquilles et la vue du public sur l’arrière-scène sont quelques éléments utilisés par les architectes pour créer une expérience plus intime et plus informelle dans un espace brutaliste. Ces qualités sont demeurées intactes. En fait, contrairement à d’autres réalisations brutalistes, le Royal MTC a conservé son intégrité et n’a subi que quelques modifications depuis sa construction. Son intégrité architecturale témoigne de sa réussite fonctionnelle et matérielle. »

Le texte de la mise en candidature souligne également la contribution du bâtiment aux deux rues sur lesquelles il donne et l’originalité du design de son auditorium qui comprend un balcon aux formes asymétriques qui se prolonge au-dessus de l’orchestre et une scène mobile qui peut être avancée ou reculée sous l’arc de scène. Parmi les autres éléments caractéristiques du bâtiment, soulignons ses majestueuses fenêtres en continu sur deux façades de l’auditorium et la grande qualité d’exécution du béton apparent.

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2018

Toronto Central YMCA – Toronto (Ontario)

Architectes: Diamond Schmitt Architects

Photo : Fiona Spalding-Smith

Le YMCA a été créé à la fin du 19e siècle pour héberger des jeunes chrétiens qui quittaient la campagne pour s’établir en ville. Au milieu du siècle, il n’avait plus cette raison d’être et le conseil d’administration du YMCA du Toronto métropolitain a mis fin à sa fonction hôtelière. L’aspect religieux est devenu plus nuancé et le « Y » favorisait l’inclusion dans une société en train de se diversifier. En décidant de remplacer son installation centrale inadéquate, le conseil d’administration souhaitait un design qui reflète sa nouvelle mission.

Conçu par Diamond Schmitt Architects, le nouveau Y a été populaire dès son inauguration en 1984 : le nombre de membres a augmenté au-delà des attentes, la participation aux programmes s’est accrue et la loyauté des membres est devenue légendaire.

Le bâtiment utilise de grands volumes fonctionnels reliés par des corridors logiques, mais intéressants qui encouragent la circulation du public dans l’édifice et dans le quadrilatère. Ces voies de circulation donnent un accès visuel aux aires des programmes et favorisent les rencontres; même des non-membres peuvent voir les espaces qui abritent les piscines et les gymnases et traverser l’espace d’activités central et un espace virtuel commun. Le bâtiment est revêtu de béton brut et de blocs de maçonnerie préfabriqués et de brique de provenance locale, des matériaux dont la permanence convient à une véritable institution publique.

Près de 30 ans plus tard, en 2011-2012, Diamond Schmitt a entrepris un projet de rénovation et d’agrandissement du bâtiment. Les rénovations ont porté principalement sur l’aile nord du bâtiment et l’entrée principale du côté sud. Une boîte de verre a été ajoutée du côté sud extérieur pour offrir un hall d’entrée accessible au rez-de-chaussée. Les rénovations ont également porté sur l’ajout d’une salle de réunion communautaire et du centre d’information communautaire pour les nouveaux arrivants. Mis à part le vieillissement auquel on s’attend d’un bâtiment de 34 ans, le YMCA est dans un excellent état. « Cela témoigne de la solide exécution de l’architecture, et c’est particulièrement étonnant compte tenu du nombre d’utilisateurs du bâtiment », a déclaré le jury.

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2017


Tour CN – Toronto (Ontario)

Architectes: John Andrews International/Roger du Toit, The Webb Zerafa Menkes Housden Partnership (WZMH), and Associated Project Architect, Edward R. Baldwin
 
S’élevant à 553,33 mètres dans le ciel de Toronto, la Tour CN célèbre l’innovation structurale tout en offrant à la ville de Toronto un symbole reconnu partout dans le monde et une attraction touristique majeure qui attire plus de deux millions de visiteurs par année.

Webb Zerafa Menkes Housden Architects et John Andrews Architects International ont uni leurs efforts à ceux d’ingénieurs et d’entrepreneurs pour créer des designs et des modes de construction innovateurs.

La tour a été conçue comme installation de télécommunications afin de régler les problèmes de transmission causés par le nombre croissant de gratte-ciel; ces bâtiments de grande hauteur nuisaient à la bonne transmission des signaux de télévision et de radio.

La solution de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (le CN) a été de construire une plateforme de communication pour la télévision et la radio afin de desservir la région de Toronto tout en démontrant le talent de l’industrie canadienne et du CN en particulier. Dotée de récepteurs à micro-ondes installés à une altitude de 338 mètres (1 109 pieds) et d’une antenne à 553,33 m (1 815 pieds, 5 pouces), la Tour CN a résolu les problèmes de communications pour la population de Toronto et des environs.

Au fur et à mesure de l’évolution de son design, la tour a pris forme avec ses trois bras qui s’étendent à partir d’un noyau hexagonal, ce qui crée la base iconique en forme de « Y ». Au fur et à mesure qu’elle s’élance, la tour rétrécit élégamment jusqu’à l’antenne. Les ailes effilées s’élèvent jusqu’à 339 mètres et la tour de béton, jusqu’à 450 mètres. Ces ailes effilées permettent à la tour de résister à un tremblement de terre de 8,5 sur l’échelle Richter. Les parties supérieures de la Tour CN ont été construites pour résister à des vents de 418 kilomètres à l’heure.

La Nacelle a été ajoutée ultérieurement. Réalisant que la tour pouvait devenir la plus haute structure au monde, les architectes ont intégré une plateforme d’observation pour accueillir les touristes.

Depuis quelque 34 ans, la Tour CN détient le titre de structure autoporteuse la plus haute au monde.

En juin 2016, Toronto a célébré le 40e anniversaire de la Tour CN.

Commentaires du jury

« La Tour CN est une incroyable réalisation de l’ingénierie et de la construction canadiennes qui a repoussé les frontières de la technologie du béton et des techniques de coffrage à une échelle jamais utilisée auparavant. »

« La silhouette de la Tour CN est intemporelle dans le ciel de Toronto et elle s’élève comme une sentinelle dans le remarquable développement du centre-ville depuis quarante ans. »

« Un bâtiment classique qui est une réelle synthèse de la forme architecturale et de l’ingénierie. »

« L’une des tours de communications les mieux proportionnées au monde. »


Place de l’Ontario – La Cinesphère et les nacelles – Toronto (Ontario)

Architectes: Eberhard Zeidler (then of Craig Zeidler Strong, now Zeidler Partnership Architects)
 
Eberhard Zeidler, FRAIC, médaillé d’or de l’IRAC en 1986, avait proposé à l’origine que la Place de l’Ontario se déploie à la fois dans le lac Ontario et sur le lac. La Place comprenait un pavillon composé de cinq nacelles fixées à des mats reliées par des passerelles et la Cinésphère, un dôme à ossature triangulaire qui a hébergé le premier cinéma permanent IMAX.

Au fil des ans, le site a été modifié (mais pas le Cinésphère, ni les nacelles), ce qui a en quelque sorte occulté le concept original. En 2013, toutefois, le ministère de la Culture, du Tourisme et du Sport de l’Ontario a mené une étude patrimoniale qui a conclu que « la Place de l’Ontario était un paysage du patrimoine culturel d’une importance provinciale ». C’est pourquoi elle est aujourd’hui assujettie à la Loi sur le patrimoine de l’Ontario et son avenir est géré en partie par un plan de conservation conforme aux normes et directives de la Loi.

La spectaculaire Cinésphère, aussi appelée « la Bulle », est un dôme de 35 mètres de largeur fait de tubes d’acier et d’aluminium. Le design ressemble à celui du fameux dôme géodésique conçu par Carl Zeiss et développé par R. Buckminster Fuller.

La première fonction des nacelles était de présenter une exposition multimédia élaborée, mais suffisamment simple pour assurer de la flexibilité au programme. Malgré l’esthétisme unique de la structure suspendue comme un pont qui hisse les nacelles hors de l’eau, chaque nacelle, à la base, est une boîte de 743 mètres carrés et de trois étages.

Commentaires du jury

« L’élégant système structural des nacelles de la Place de l’Ontario, qui combine des supports de câbles de traction légers et des mâts de compression en acier, a été superbement détaillé et les points de raccordement et les joints sont joliment exprimés. »

« La Cinésphère et les nacelles ne servent plus aux fonctions pour lesquelles elles ont été conçues à l’origine, mais elles illustrent encore la force du design comme elles le faisaient à l’époque de leur inauguration. »

« La Cinésphère et les nacelles de la Place de l’Ontario sont des créations spectaculaires pour Toronto et l’Ontario, inspirées de la grande réussite architecturale et sociale de l’Expo 67 à Montréal. »

« La Cinésphère et les nacelles réalisent dans une forme matérielle tangible certaines des idées les plus ambitieuses de l’architecture utopique de l’Europe et des États-Unis dans les années 1960, comme les villes spatiales imaginées par certains designers comme Yona Friedman, et les fantaisies technologiques conçues par le groupe anglais Archigram. »

« Ce sont des exemples convaincants des deux principales tendances en design de leur période, la « mégastructure » et le design de « haute technologie. »

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2015

Le Groupe fiduciaire des édifices des Pères de la Confédération – Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard) (1964)

Architectes: Affleck, Desbarats, Dimakopoulos, Lebensold, Sise, (devenus ARCOP, puis Architecture49 Inc.)
 
L’immeuble du Groupe fiduciaire des édifices des Pères de la Confédération, connu sous le nom de Centre des arts de la Confédération, est un véritable tour de force architectural du milieu du 20e siècle. Construit pour commémorer le centenaire de la Conférence de Charlottetown de 1864 et pour rendre hommage aux Pères de la Confédération, il est un monument vivant. Il offre un ensemble d’espaces permettant aux Canadiens d’exprimer pleinement leur culture. Le concept de l’architecte montréalais Dimitiri Dimakopoulos a été retenu à l’issue d’un concours national, parmi des propositions provenant d’un large éventail d’éminents architectes canadiens. La polyvalence innovatrice du Centre – il est théâtre, bibliothèque, galerie, salle commémorative – exprime l’éveil culturel associé à l’esprit du Centenaire, au milieu des années 1960. Sa combinaison d’espaces à vocation culturelle et sa composition architecturale abstraite ont exercé une profonde influence sur de nombreux projets du Centenaire partout au Canada.

Réputé pour ses innovations en matière de conception de la scène, le Centre profite d’espaces étagés qui concilient élégamment un caractère monumental et une intimité comme il ne s’en trouve qu’en peu d’endroits au Canada. L’interaction sculpturale de formes abstraites, de cours et de terrasses s’exprime dans le vocabulaire robuste mais raffiné du brutalisme, en béton et en grès, en intégrant subtilement sa voisine l’historique Province House en un seul ensemble unifié d’une échelle parfaitement adaptée au centre-ville de Charlottetown. Cinquante ans plus tard, soigneusement entretenu et ayant bénéficié de menues retouches mettant en valeur ses fonctions et ses qualités architecturales, le Centre reste une présence clé dans le quotidien de Charlottetown et un emblème de l’optimisme de l’ère du Centenaire du Canada. Le jury a convenu à l’unanimité que le Centre des arts de la Confédération mérite le Prix du XXe siècle de 2015.

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2014


Maison Strutt – Aylmer (Québec) (1955 à 1956)

Architectes: James W. Strutt

Photo : Courvette-Ottawa

James W. Strutt était d’accord avec ceux qui considèrent que sa maison est une œuvre maîtresse de sa longue et brillante carrière d’architecte canadien.

Situé à Aylmer, au Québec, le bâtiment est beaucoup plus que la simple intégration des principes de structure, de science du bâtiment et de planification.

La maison est l’une des premières au Canada à utiliser le « mur rideau » comme enveloppe. Sa toiture paraboloïde hyperbolique en bois était aussi une première, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde.

James Strutt connaissait Frank Lloyd Wright et l’influence de celui-ci est évidente dans certains détails de construction.

L’emplacement de la maison juchée à flanc de montagne, son intégration au paysage, l’utilisation de matériaux naturels et la disposition des pièces autour du noyau central abritant les locaux de service témoignent de l’influence « wrightienne ».

Toutefois, son ami Buckminster Fuller a exercé une influence plus grande encore sur la conception et la structure du bâtiment. La forme définitive de la maison est le résultat de l’intersection de huit volumes rhombiques, chacun étant basé sur une grille produite par la même géométrie.

Cette forme, conjuguée à l’utilisation minimale de matériaux de structure, traduit l’intérêt croissant de Strutt envers le travail de Fuller sur la géométrie et l’optimisation de l’intégrité structurale.

La maison a été construite par un menuisier et un ouvrier en six semaines à peine en 1955. En général, elle ne repose pas sur ses fondations, ce qui n’était pas conforme aux codes du bâtiment en vigueur au moment de la construction et ne l’est pas encore aujourd’hui.

(Extrait d’une présentation de Titania Truesdale.)

Commentaires du jury

« Un exemple rare et extraordinaire d’architecture moderne canadienne qui demeure une œuvre déterminante d’un architecte important de l’après-guerre. James Strutt a conçu cette maison en 1956. Il l’a dotée de la première toiture paraboloïde hyperbolique en bois au Canada, ce qui lui a permis de créer d’abondantes surfaces vitrées, des plafonds ondulants et des lignes simplifiées qui confèrent une grande qualité esthétique. Il a par la même occasion fait preuve de pionner en démontrant comment construire un bâtiment à faible impact sur l’environnement, à faible coût, qui s’intègre avec sensibilité et légèreté dans son milieu naturel. »

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L’hôtel de ville et la place civique de Toronto – Toronto (Ontario) (1965)

Architectes: Viljo Revell and John B. Parkin Associates

Photo : Applied Photography Ltd.

En 1958, le maire de Toronto Nathan Phillips a donné son aval à un concours international d’architecture visant un nouvel hôtel de ville qui a suscité un intérêt mondial pour la ville et pour le Canada.

Le concours a recueilli 520 soumissions de 44 pays. Il a été gagné par l’équipe de l’architecte finlandais Viljo Revell. Celui-ci s’est affilié au cabinet John B. Parkin Associates (aujourd’hui NORR Limited Architects Engineers Planners). L’édifice a été achevé en 1965.

L’ensemble de conception sculpturale moderne comprend deux tours de bureaux courbées et de hauteurs différentes qui entourent en partie la salle du conseil circulaire convexe. Ces éléments s’élèvent à partir d’un podium de deux étages, face à une vaste place civique au sud. La place fait partie intégrante de la composition; elle est une piazza moderne délimitée par une promenade surélevée qui en fait le tour. Sur cette place, un bassin qu’on appelle « miroir d’eau » et qui devient une patinoire l’hiver est surmonté de trois arches en béton. Une rampe en pente douce monte jusqu’au toit du podium; une esplanade centrale permet d’accueillir de grandes manifestations publiques. Le tout traduisait une vision d’avenir de Toronto et constituait un puissant symbole de la démocratie municipale.

À l’approche du 50e anniversaire de son inauguration, l’hôtel de ville reste un monument et un symbole du Toronto moderne, reconnu à travers le monde.

Commentaires du jury

« L’hôtel de ville de Toronto et sa place civique sont une œuvre emblématique de l’architecture moderne canadienne. Ensemble, le complexe à la fois symbolique et fonctionnel et l’esplanade publique occupent une place importante au cœur du quartier financier. Fruit d’un concours international qui a étendu l’influence de l’architecte finlandais Revell au Canada à un moment déterminant du développement de la ville, ce complexe est peut-être l’exemple le plus durable d’un espace public et de bâtiments municipaux du 20e siècle au Canada. Encore aujourd’hui, il sert aux fins prévues à l’origine et il est bien aimé par la collectivité qu’il dessert. Ses espaces publics généreux, ses formes lyriques, ses matériaux empreints de dignité et ses détails raffinés sont un rappel constant de la valeur d’une grande vision civique. Les récents travaux de réhabilitation ont généralement incarné l’esprit d’intendance nécessaire à l’entretien de notre important patrimoine public. »

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2013


Le Collège Massey – Toronto (Ontario) (1962)

Architectes: Ron Thom (avec Thompson, Berwick & Pratt)

Photo : ERA Architects

Le Collège Massey (1963) de l’Université de Toronto, qui célèbre cette année son 50e anniversaire, est l’un des bâtiments les plus admirés sur un campus riche en bâtiments qui suscitent l’admiration. Conçu par Ron Thom, architecte canadien de renom, le Collège répond aux besoins énoncés, s’inscrit judicieusement dans son contexte architectural et rompt avec les tendances du jour en déployant plusieurs formes historiques sous une même forme. Il crée un précédent étonnant et s’annonce comme un précurseur des directions nouvelles en architecture, au Canada comme sur la scène internationale.

Encore aujourd’hui, le Collège Massey est un bâtiment résilient, très aimé, qui n’a subi que peu de modifications, même un demi-siècle après sa construction.

Le Collège a été construit grâce à un don de la Fondation Massey dans le but de créer un lieu spécial pour favoriser l’apprentissage et le développement de l’intellect et du bien collectif. L’architecte a été choisi dans le cadre d’un concours d’architecture qui ne précisait aucun style architectural précis, mais invitait les participants à concevoir un projet qui évoque les collèges anglais d’Oxford et Cambridge.

En réponse à cette invitation à la dignité et à l’intimité, Ron Thom a créé un plan cloîtré, orienté vers l’intérieur, un peu comme dans la tradition « Oxbridge ». Le plan est une cour rectangulaire ouverte entourée de trois ailes résidentielles de trois étages et d’une aile de quatre étages.

En 1989, en reconnaissance de son importance architecturale, le Collège Massey a été désigné en vertu de la Partie IV de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario.

Commentaires du jury

« Le Collège Massey est réputé pour son interprétation habile et humaine des éléments chers au mouvement Arts and Crafts dans un idiome moderniste. Il se distingue par l’intégration harmonieuse de son extérieur et de son intérieur, notamment par la richesse de son mobilier et de ses accessoires personnalisés. Il vieillit bien et il est l’un des bâtiments modernes auxquels l’Université de Toronto attache le plus de valeur. »

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Collège régional de Grande Prairie – Grande Prairie (Alberta) (1974)

Architectes: Douglas Cardinal, FRAIC

Photo : Rob Ganzeveld

Le Collège régional de Grande Prairie est l’une des premières réalisations représentatives de l’œuvre d’un éminent architecte canadien, un immeuble instantanément reconnaissable et marquant du nord-ouest de l’Alberta et un bâtiment qui depuis plus de trente ans contribue à créer un sens de la communauté à Grande Prairie.

Lorsqu’il a ouvert ses portes, en 1974, le collège était l’un des trois établissements d’enseignement postsecondaires situés au nord de la latitude de 55 degrés. Depuis lors, ce bâtiment conçu par Douglas Cardinal, FRAIC, qui était à l’époque un jeune architecte non conformiste, est devenu un point d’intérêt.

Douglas Cardinal a intégré son bâtiment au paysage de manière holistique pour assurer une cohérence et une qualité esthétique. Il a ainsi édifié un bâtiment aussi visuellement attrayant que le paysage. La forme courbe des murs des classes et les espaces ouverts sont particuliers, surtout si on les compare au style utilitaire qui prévalait alors dans bien des campus. Le rôle de ce collège s’étend toutefois bien au-delà du campus, car il contribue au renforcement de la communauté. Il a longtemps été le plus grand espace public dans la ville et son amphithéâtre présente des pièces de théâtre, des conférences publiques et divers spectacles de musiciens et de comédiens.

Tous les jours, le campus vibre aux sons de ses classes, de ses étudiants et de sa communauté. C’est un lieu où les gens de la région se rassemblent pour créer, célébrer et vivre ensemble des expériences culturelles.

Commentaires du jury

« Un bel exemple des réalisations de Cardinal en début de carrière, et premier bâtiment institutionnel conçu par l’architecte, le Collège régional de Grande Prairie illustre comment l’approche toute personnelle de Douglas Cardinal lui a permis de réaliser un bâtiment qui est devenu un point d’intérêt régional. Le Collège offre un milieu de travail hautement prisé par ses occupants qui le considèrent comme le symbole d’une compréhension remarquable du lieu et des gens. »

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2012

Centre de conditionnement physique et de loisirs Hemingway – Edmonton (Alberta) (1970)

Architectes: Peter Hemingway
 
Le Centre de conditionnement physique et de loisirs Peter Hemingway a été conçu par l’architecte Peter Hemingway à qui la ville d’Edmonton avait confié le mandat de réaliser un projet marquant pour souligner le centenaire du Canada. À l’origine, ce bâtiment s’appelait Coronation Pool. Il a une forme audacieuse. Sa toiture ondule comme une vague montante et elle est retenue par des câbles. Le bois massif, le béton, l’acier et le verre offrent des contrastes saisissants. Le bâtiment qui a ouvert ses portes en 1970 est issu du mouvement de l’architecture moderne des années 1960 dans les Prairies canadiennes.

Par sa forme, le bâtiment se distingue des boîtes typiques de l’architecture internationale de cette décennie. Il évoque les Rocheuses, les contreforts et les plaines vallonnées des Prairies. Hemingway disait que « les bâtiments canadiens les plus originaux de l’après-guerre étaient nés dans les Prairies, car le besoin de créer des reliefs est tellement criant dans un paysage aussi vaste que le Ciel ou l’Enfer. »

Les réalisations de Peter Hemingway embellissent le paysage d’Edmonton et continuent d’impressionner et d’inspirer les architectes, les citoyens et les visiteurs.

Commentaires du jury

« Il est un exemple d’importance nationale de la créativité des architectes et de la confiance engendrée par les célébrations du centenaire du Canada. Son design est une réponse moderniste particulière au paysage des Prairies, là où ont été érigés les édifices les plus originaux dans le Canada de l’après-guerre. Il exprime le plaisir qu’a pris son concepteur à utiliser des nouvelles technologies et à combiner de manière inventive le verre, l’acier, le bois massif et le béton. La forme ondulatoire du bâtiment rappelle la piscine qu’il abrite et lui donne un caractère distinctif par rapport aux édifices modernistes de cette époque où les formes rectilignes prévalaient.

Le bâtiment n’a pas perdu de son importance et ce n’est pas seulement à cause de son design emblématique, mais c’est aussi parce qu’il a fait l’objet d’un entretien rigoureux et qu’on lui a apporté beaucoup de soin au fil des ans. Il sert toujours aux fins pour lesquelles il a été construit. Le bâtiment et son architecte ont été chaleureusement adoptés par la collectivité. Ils ont tous deux joué un rôle déterminant sur les plans de la fierté et de l’identité régionales. »

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