Shannon Price : 25 ans en tant que conservatrice du musée de Buxton
Shannon Prince a annoncé son départ à la retraite du Musée et du Lieu historique national de Buxton, après 25 ans en tant que conservatrice du site. Son histoire est étroitement liée à celle de Buxton : descendante de 6e génération des habitants de la colonie d’Elgin, l’autre nom de Buxton, elle est également une membre engagée de sa collectivité.
Fondée par le Révérend William King en 1849, cette colonie constituait l’un des derniers arrêts du Chemin de fer clandestin[1]. En 1999, Mme Prince est devenue conservatrice du site, la même année qui a vu ce dernier être désigné lieu historique national. Sur ce lieu historique, on retrouve des bâtiments qui datent de la colonie d’origine, ainsi qu’un musée qui abrite une collection d’objets inestimable, parmi lesquels le journal du Révérend King et la presse à imprimer de Mary Ann Shadd Cary.
Au fil de ses années passées en tant que conservatrice, Shannon Prince a observé de nombreux changements. « Lorsque j’ai commencé à occuper ce poste, nous avions un visiteur de temps à autre, mais au fil des années, la fréquentation a pris un nouvel essor. Nous recevons des groupes d’élèves qui viennent de l’autre côté de la frontière, de Philadelphie, du Kentucky, de Californie. » Elle remarque une résurgence de l’intérêt pour l’histoire des Noirs ces dernières années, notamment avec la couverture accordée par les médias au mouvement La vie des Noirs compte après le meurtre de George Floyd en mai 2020. On peut voir un écho de cette tendance dans l’annonce récente faite par le gouvernement ontarien, qui a inscrit dans le curriculum de ses établissements scolaires un apprentissage obligatoire de l’histoire des Noirs.[2] « Les gens veulent connaître toute l’histoire », explique Mme Prince, « et maintenant, avec cette nouvelle obligation, nous recevons beaucoup d’appels. »
Mme Prince n’a pas seulement vu un afflux accru de visiteurs ces dernières années. En tant que conservatrice, elle a pu partager l’histoire de Buxton avec de nombreux partenaires, proches comme lointains, comme la Millersville University, l’Underground Railroad Freedom Centre à Cincinnati et le Service des parcs nationaux américains.
Les contributions de Mme Prince ont été saluées par de nombreux honneurs et récompenses, parmi lesquels un doctorat honorifique de l’Université de Windsor et, plus récemment, en 2023, lorsqu’elle et son mari ont été faits membres de l’Ordre du Canada pour leur travail sur l’histoire du chemin de fer clandestin. Malgré toutes ses réalisations, Shannon Prince a toujours agi pour les gens : « Toutes les personnes qui ont franchi le pas de la porte ont fait de moi une meilleure personne… Lorsque je vois la joie sur le visage de nos visiteurs, lorsque je peux les aider à établir des liens avec leur histoire familiale, à trouver la pièce de casse-tête qui leur manquait, je comprends que je suis là où je dois être. »
Malgré son départ à la retraite, Mme Prince ne « s’éloigne pas trop ». Et ce, de plus d’une manière! Elle est désormais présidente du conseil d’administration du musée et continue à jouer un rôle actif dans la programmation du musée. De plus, le musée se situe en bas de la rue où elle réside, ce qui lui permet d’aider la nouvelle conservatrice du musée, Michelle Robbins, à prendre ses marques dans son nouveau poste.
[1] Shannon Prince, « Colonie d’Elgin », L’encyclopédie Canadienne, Historica Canada. Article publié le 22 mars 2021, modifié pour la dernière fois le 23 avril 2021.
[2] https://news.ontario.ca/fr/release/1004168/lontario-introduit-un-apprentissage-obligatoire-sur-lhistoire-des-noirs