Préservation, pas démolition
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La manifestation pour le climat sur la Coline parlementaire à Ottawa (Ontario). Photo par Vanessa Arseneau
Selon les médias, autour d’un million de Canadiens se sont rassemblés à travers 85 emplacements au pays lors de la Manifestation pour le climat qui s’est tenue la semaine dernière. En tant que défenseurs du patrimoine, favoriser la réutilisation adaptative et s’opposer à la démolition est notre façon de militer pour l’environnement.
À peine quelques jours avant la manifestation, le Risteen Building, situé à Fredericton au Nouveau-Brunswick, est devenu un tas de décombres.
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Photo par Jason Jeandron.
N’est-ce pas ironique qu’on n’ait aucun mal à recycler nos canettes de boisson gazeuse, mais qu’on n’arrive pas à faire front commun afin d’encourager systématiquement la réutilisation des bâtiments en place ? Ils représentent probablement notre bien de consommation le plus important. La démolition et la reconstruction engendrent des millions de tonnes de déchets liés à la construction. En Ontario seulement, on parle de 14,2 millions de tonnes par année, soit environ 2 millions de tonnes d’émissions carboniques. Tel que l’a dit l’ex-président de American Institute of Architects : « le bâtiment le plus vert est celui qui est déjà construit ». Une étude nommée The Greenest Building : Quantifying the Environmental Value of Building Reuse appuie cette affirmation. En effet, elle démontre que les nouvelles constructions ne peuvent qu’être 30 % plus écoénergétiques que la moyenne et qu’il faudrait plusieurs décennies pour contrer l’empreinte climatique de leur construction.
Selon Mark Gorgolewski, professeur à l’Université Ryerson et intervenant invité à la Conférence de la Fiducie nationale qui se tiendra À Winnipeg ce mois-ci, il faut absolument réhabiliter autant de bâtiments en place que possible. « Nos ressources sont siphonnées et le gaspillage est monnaie courante. Pour adopter un mode de vie durable, [réutilisation] devra devenir notre mot d’ordre. »
C’est pourquoi la protection du patrimoine et les méthodes traditionnelles sont essentielles à un avenir durable.
Avant que d’autres lieux historiques bien-aimés subissent le même sort que le Risteen Building de Fredericon, nous devons nous munir de stratégies solides à l’échelle locale, provinciale et fédérale. De cette façon, nous tiendrons les immeubles commerciaux historiques, les vieilles maisons, les anciens sites industriels et les établissements religieux vacants loin des décharges.
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Le Risteen building à Fredericton (N.-B.) avant sa démolition. Photo par Jason Jeandron
Adapté d’un éditorial de Natalie Bull publié dans The Daily Gleaner à Fredericton au Nouveau-Brunswick le 25 septembre 2019.