La Société du patrimoine Tse’k’wa
Située près du lac Charlie dans le nord-est de la Colombie-Britannique, la caverne Tse’k’wa (soit « maison de pierre » en langue dane-zaa ou castor) raconte l’histoire de son utilisation ininterrompue et longue de 12 500 ans par les ancêtres dane-zaa. Le site patrimonial appartient à la Société du patrimoine Tse’k’wa, qui en assure la gestion en collaboration avec trois Premières Nations dane-zaas, soit les Premières Nations de Doig River, de Prophet River et de West Moberly. « Notre travail à Tse’k’wa consiste à faire vivre cet endroit sacré, affirme Garry Oker, le président du conseil. Et l’un des principaux moyens d’y arriver est d’intégrer les enseignements des Aînés et la langue dane-zaa à la visite du site. »
Réappropriée il y a peu par les Dane-zaas, la caverne Tse’k’wa est un lieu patrimonial exceptionnel. C’est un rare exemple de site qui conserve des vestiges archéologiques aussi complets, de la fin de la dernière période glaciaire jusqu’à aujourd’hui. Ces vestiges constituent une preuve tangible du lien que les Dane-zaas entretenaient avec la terre et de leur présence de longue date dans la région. Consciente du besoin de le protéger, la Société a acheté le site en 2012 et a travaillé sans relâche pour l’obtention d’une reconnaissance officielle. C’est en 2019 que le site a été finalement désigné lieu historique national du Canada. Puis, en 2024, la Division de l’archéologie de la Colombie-Britannique lui a conféré le statut officiel de site archéologique, ce qui a permis de rapatrier et d’exposer ces milliers d’artéfacts et d’ossements d’animaux découverts par des archéologues de l’Université Simon Fraser sur le site.
Il sera crucial de relier les artéfacts archéologiques au patrimoine vivant et aux modes de vie des peuples dane-zaas. « Pour les peuples dane-zaas, Tse’k’wa est bien plus qu’un simple emplacement. C’est un endroit sacré qui incarne notre sentiment d’appartenance et d’identité », ajoute Garry Oker. L’une de ses découvertes préférées sur le site est une perle de pierre datant d’il y a 10 500 ans, qui témoigne d’une tradition que les Dane-zaas perpétuent encore aujourd’hui. De même, le site recèle les ossements des bisons autrefois chassés par les ancêtres dane-zaas et datant de l’époque des wǫlii nachíí (« animaux géants »).
« Les gens parlent souvent de la DNUDPA (Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples autochtones), fait remarquer M. Oker, mais il n’y a pas de gestes concrets. Ce ne sont que des paroles. Voilà pourquoi il est si important de transmettre les pratiques et les enseignements des Aînés sur le site. Dans l’histoire de la création des Dane-zaas, on nous enseigne que si l’on veut quelque chose, il faut le faire soi-même. C’est ce que nous souhaitons voir se produire à Tse’k’wa. » La gestion du site archéologique ne constitue qu’une partie seulement de la mission élargie de la Société, qui cherche aussi à rassembler, à préserver et à célébrer la langue, la culture et le patrimoine des Dane-zaas. Son but est de créer un endroit où les vieilles histoires et les nouveaux savoirs peuvent se rencontrer.