La gare de McAdam, un lieu communautaire

Construit en 1900 de granite extrait des carrières locales et généreusement agrandi en 1910-1911, ce grand et majestueux immeuble (87 mètres par 14) a été conçu par William et Edward Maxwell, deux des architectes de gares les plus créatifs du Canada.

Il a été érigé par Joseph McVey. Abritant un hôtel cinq étoiles avec salle à man­ger de première classe, il est un des rares exemplaires subsistants du style châ­teau que privilégiaient les chemins de fer du Canadien Pacifique (CP) au début du 20e siècle. Il est aussi une des rares gares qui intégraient un hôtel.

À l’époque, la localité de McAdam était le carrefour principal pour les trains voya­geant vers l’est ou vers l’ouest entre Montréal et les Maritimes, ou entre le nord et le sud, de St. Stephen à Edmundston. À son apogée, jusqu’à 16 trains de pas­sagers y arrivaient dans une journée, remplissant les salles d’attente à capacité. Selon le Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, c’est son emplacement stratégique – et l’importance de sa clientèle – qui a incité le CP à construire une gare impressionnante et imposante dotée d’installations de télégraphe, d’un restaurant et d’un hôtel. On y trouvait même une prison à une cellule.

La structure a été désignée lieu histori­que national en 1976 et lieu historique provincial en 2003. Elle est aussi dési­gnée en vertu de la plus récente Loi sur la protection des gares ferroviaires patrimoniales.

Le dernier train de voyageurs effec­tuant une liaison régulière a traversé McAdam en décembre 1994, après quoi la gare a été fermée. Lorsque le CP a abandonné ses activités à l’est de Montréal, la Compagnie de chemin de fer du Sud, Nouveau-Brunswick a racheté l’immeuble. Elle l’a par la suite cédée à la McAdam Historical Restoration Commission.

La commission a d’abord consacré des efforts à la collecte de fonds, à la réfection du toit et à des réparations nécessaires. La réparation de l’avant-toit du quai a été un des premiers grands projets; il avait souffert de dommages structurels au fil des ans parce qu’il s’y accumulait de la neige provenant du toit principal.


Pour favoriser l’élan en faveur de la renaissance de la gare, la commis­sion a reconnu qu’il était essentiel de mobiliser la communauté. Lors de la fin de semaine de la Fête du Canada en 2000, la localité a organisé une de grandes retrouvailles. Afin de célébrer à la fois cet événement et le 100e anni­versaire de la gare, la commission a ouvert une petite partie du bâtiment au public. Il en a découlé une nouvelle tra­dition : depuis lors, McAdam célèbre le 1er juillet sous le thème des « journées des chemins de fer », avec des activi­tés dans la gare et ses environs.

À mesure que l’intérêt et la participation de la communauté ont augmenté, la gare est devenue un centre d’activité bien établi. Les réparations nécessaires au bâtiment n’en sont devenues que plus évidentes. Pour pouvoir ouvrir des parties supplémentaires de la gare, la communauté a estimé qu’il faudrait plus de 380 000 $.

Le projet a reçu de solides appuis financiers en 2005 et 2006 lorsque l’Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA) a annoncé une contribution de 80 p. 100 à même son Fonds d’investissement stratégi­que dans les collectivités. Le gouverne­ment provincial du Nouveau-Brunswick a emboîté le pas en consentant d’importants investissements dans la gare par l’entremise de la Direction du patrimoine et la Société de développe­ment régional.

Cependant, la McAdam Historical Restoration Commission devait encore réunir le solde des fonds requis. C’était un grand défi à relever pour un village d’à peine plus de 1 500 habitants. Envers et contre tout, la communauté a accompli la tâche. Elle a organisé des activités de financement telles que visites guidées, location d’espace, grandes activités et festivals, déjeu­ners et dîners thématiques, campagne de dons, recrutement de membres et programmes de dons personnels. Récemment, la commission a lancé une « campagne des chaises » dans laquelle des particuliers ou des entreprises achètent une reproduction de chaise en hommage à un ancien travailleur ferroviaire.

La politique des portes ouvertes de la gare a accru la participation communautaire. Le fait de montrer au public comment leurs dons étaient dépensés a stimulé les efforts de financement.

En septembre 2007, la gare a organisé une rencontre de travailleurs ferroviaires. Non seulement a-t-elle attiré de nombreux participants, mais elle leur donné l’occasion de se rappeler leurs histoires des chemins de fer au Canada.

Le récit de la gare de McAdam démontre qu’un financement adéquat est essentiel à la conservation des bâtiments historiques du Canada. Un appui fédéral et provincial aux projets d’entrepreneurs peut stimuler l’investissement du secteur privé dans les structures historiques. L’investissement dans les structures historiques assure la survie de noire histoire, mais en outre crée des lieux où de nouvelles histoires aideront à renforcer les communautés.

Lorsque la contribution provinciale à la gare a été annoncée en mai 2006, le premier ministre du Nouveau-Brunswick a dit que « la gare ferroviaire est devenue un symbole qui caractérise le village de McAdam ». La gare est un symbole non seulement du riche patrimoine ferroviaire de ce pays, mais aussi des efforts d’un petit village qui continue d’entretenir un solide sens d’appartenance. La gare de McAdam est de nouveau un lieu pour la communauté.

Ronald J. Roy, originaire du Nouveau-Brunswick, est aux études supérieures à l’Université Carleton à Ottawa, en conservation du patrimoine et urbanisme.


La gare ferroviaire de McAdam

Le succès d’un lieu historique actif dépend directement de la vigueur de la communauté qui le soutient. Cette vérité se confirme à McAdam (Nouveau-Brunswick) dont la gare ferroviaire, située au cœur de la localité, est un éminent témoin de l’histoire de la construction au Canada.

« L’histoire du Canada est l’histoire des chemins de fer, dit Frank Campbell, de la McAdam Historical Restoration Commission (MHRC). Cette belle et grandiose structure commémore comme nulle autre les beaux et grands rêves d’une nation à nulle autre pareille, qui est née envers et contre tout. »

La MHRC, qui s’occupe du projet de réhabilitation en voie depuis 1996, est investie d’un mandat à plu­sieurs volets visant à préserver, restaurer et rajeunir l’ancienne gare des chemins de fer du Canadien Pacifique. Au cours des 10 dernières années, un groupe de 20 à 30 personnes, surtout des aînés, s’est employé à concrétiser cette mission. Sans leurs efforts inlassables, le projet ne serait pas ce qu’il est devenu aujourd’hui.

Le maire de McAdam Frank Carroll est aussi le président de la commission. Ses succès en levées de fonds et ses partenariats efficaces avec les gouver­nements fédéral et provincial ont été essentiels à la réussite de ce projet de conservation.

Le site attire chaque année quelque 25 000 visiteurs à McAdam, qui se trouve à environ une heure de Fredericton.

La gare connaît déjà un grand essor grâce à l’action communautaire, et la commission prévoit un jour faire du lieu un musée vivant en bonne et due forme. Actuellement, des visites guidées sont proposées chaque jour de 10 h à 18 h. Le prix de 3 $ des visites sert à l’entretien de la gare. Jadis réputés pour leurs 10 variétés de tarte, la salle à manger et le casse-croûte de la gare de McAdam sont à nouveau ouverts; on peut les louer pour des rencontres de groupes.

La petite localité de McAdam attend de nombreux visiteurs et continue de s’enorgueillir de posséder ce lieu historique national.