Explorer l’histoire des Canadiens noirs au travers des lieux patrimoniaux
Février est le Mois de l’histoire des Noirs et c’est l’occasion idéale d’explorer l’héritage des Canadiens noirs à travers des lieux patrimoniaux, d’un océan à l’autre. Les visiteurs découvriront des récits liés à ces lieux qui remettront en question notre façon de voir le Canada et de comprendre son passé.
Par exemple, le Black Loyalist Heritage Centre à Birchtown, en Nouvelle-Écosse, avec son école historique (1829) et son vaste musée, raconte l’histoire des 1 500 loyalistes noirs qui s’y sont installés entre 1783 et 1785. Alors que les terres pauvres et la discrimination ont poussé la moitié des colons à partir pour la Sierra Leone dans les années 1790, les autres sont restés et ont établi une communauté prospère.
Le site historique de la Case de l’oncle Tom à Dresden, en Ontario, préserve le site de l’établissement Dawn fondé par le révérend Josiah Henson en 1841. La colonie, établie en 1841 sur 200 acres de terre, est devenue un refuge important pour les nombreux esclaves fugitifs qui ont quitté les États-Unis pour le Canada. M. Henson, un important chef de file au sein de la communauté noire grandissante au Canada, fut également une source d’inspiration pour Harriet Beecher Stowe, avec son roman antiesclavagiste influent de 1852 intitulé La Case de l’oncle Tom. Ce site inspirant de la Fiducie du patrimoine ontarien est devenu un lieu de pèlerinage et reçoit des milliers de visiteurs chaque année.
Cependant, le Canada a sa propre histoire d’esclavage, qui, jusqu’à présent, n’a reçu que peu d’attention de la part des érudits. Charmaine Nelson, professeure à l’Université McGill, s’efforce de corriger ce déséquilibre par ses recherches et ses écrits prolifiques, notamment en attirant l’attention sur les cimetières négligés utilisés par les Noirs libres et réduits en esclavage comme à Saint-Armand, au Québec. Bientôt, espérons-le, certains de ces sites négligés seront interprétés et ouverts aux visiteurs.
Ailleurs, les communautés noires récupèrent et célèbrent les histoires des collectivités qui se sont tues au fil du temps. En 1910, des dizaines de familles afro-américaines sont venues dans l’Ouest canadien à la recherche de terres et se sont installées dans les communautés rurales isolées d’Eldon, en Saskatchewan et d’Amber Valley, en Alberta. La communauté d’Eldon reste vivante grâce à l’église baptiste de Charlow (Shiloh). C’est un bâtiment d’une pièce construit en rondins de peuplier équarris à la main et transportés par des charrettes tirées par des bœufs de la vallée de la rivière Saskatchewan Nord. Le bâtiment est préservé en tant que symbole durable de la communauté, aujourd’hui dispersée. Située à 200 kilomètres au nord d’Edmonton, à Amber Valley, se trouve Obadiah Place. Il s’agit d’une petite maison vernaculaire en bois, l’une des seules structures de la colonie encore intacte parmi les vieilles structures abandonnées qui parsèment la région.
Les plans de rénovation urbaine des années 1960 ont presque fait disparaître d’autres communautés noires historiques aux extrémités opposées du pays. Hogan’s Alley, dans l’est de Vancouver, représentait le cœur culturel de la communauté noire de la ville et abritait des résidents comme Nora Hendrix, la grand-mère de l’icône du rock Jimi Hendrix. En 1967, une grande partie de la région a été démolie en raison du projet d’autoroute et de viaduc de Géorgie. Cependant, des efforts sont en cours pour raviver et réanimer ce quartier autrefois dynamique du centre-ville. De même, entre 1964 et 1969, des résidents d’Africville à Halifax (installés pour la première fois au début du 19e siècle) ont vu leurs maisons et leurs espaces communautaires, y compris une église qui était le cœur de la communauté, se faire démolir pour construire une autoroute. De nombreux résidents déplacés se sont installés dans le quartier North End d’Halifax, où l’embourgeoisement menace aujourd’hui de déplacer à nouveau la communauté noire. L’église, déclarée lieu historique national en 1966, a été reconstruite en 2012 pour devenir un musée. D’ailleurs, la cloche originale de l’église a été rendue au musée cette semaine et raconte maintenant le récit de cette communauté perdue.
L’héritage des Canadiens noirs est riche et diversifié. En février, assurez-vous d’en apprendre davantage au sujet d’un site patrimonial près de chez vous.