5 exemples qui démontrent la vitalité de la langue française au Canada

À chaque année, le 20 mars, le monde célèbre la francophonie internationale. Suite aux célébrations qui ont eu lieu le mois dernier, nous aimerions prendre le temps de reconnaître la résilience de la langue française au Canada. Celle-ci s’épanouit encore aujourd’hui, non seulement au sein de nombreuses communautés francophones mais aussi par l’entremise d’événements culturels, de traditions et de lieux historiques. Voici 5 exemples qui démontrent que la langue française est encore bien vivante au Canada.

 

Le quartier de Maillardville, Coquitlam, Colombie Britannique

Musée de la maison Mackin. Photo: Coquitlam Heritage

Aujourd’hui une petite communauté au sud de la ville de Coquitlam, en Colombie-Britannique, Maillardville accueillit ses premiers habitants francophones en 1909. C’est d’abord la Fraser River Lumber Company (qui deviendra par la suite la Canadian Western Lumber Company) qui a engagé de la main-d’œuvre provenant des provinces du Québec et de l’Ontario, pour leur réputation et leur expertise dans l’industrie forestière. Fraser River a donc couvert les frais de déplacements jusqu’en Colombie-Britannique pour que les travailleurs puissent venir s’installer avec leur famille. Le petit quartier formé majoritairement de canadiens-français s’est développé au fil du temps pour y abriter la plus grande communauté francophone dans l’Ouest canadien. Bien qu’aujourd’hui les francophones ne représentent plus qu’un petit pourcentage de la population de Maillardville, le quartier préserve encore son héritage francophone, sa culture et ses traditions, entres autres au travers de célébrations telles que le Festival du Bois, ou le Musée de la maison Mackin qui raconte l’histoire de Maillardville.

 

Le quartier Saint-Boniface, Winnipeg, Manitoba

Photo: Tyler Walsh, Tourism Winnipeg

Fondée en 1818 par un groupe de missionnaires français dirigé par l’évêque Joseph Norbert Provencher et incorporée en tant que ville en 1880, Saint-Boniface deviendra la capitale de la communauté franco-manitobaine, l’une des plus grandes communautés franco-canadiennes à l’extérieur du Québec. Centrée sur sa cathédrale et les sites historiques qui commémorent les personnages marquants de son histoire, dont l’homme politique Louis Riel et l’auteure Gabrielle Roy, la communauté de Saint-Boniface demeure le centre culturel et social des Franco-Manitobain-e-s. L’accès à une éducation en français est assuré par des écoles primaire et secondaire entièrement francophones et par l’Université de Saint-Boniface. La population peut compter sur des services et des médias en français, ce qui donne à ce quartier de Winnipeg un caractère unique dans la province.

 

Le Festival Acadien, Caraquet, Nouveau-Brunswick

On ne peut mentionner la célébration de la culture acadienne sans penser au Festival Acadien et son Grand Tintamarre à Caraquet. Les festivités à Caraquet ont débuté en 1963 comme simple fête du village. En 1979, on ajouta le Grand Tintamarre aux célébrations dans l’optique de se rassembler et de faire du « tapage » dans un contexte de réjouissance collective. Inspiré par une vieille coutume appelée « charivari » qui consiste à faire une cacophonie de bruits, la pratique avait débuté en 1955 lors de la commémoration du 200e anniversaire de la déportation des Acadiens. Le Grand Tintamarre représente la solidarité et la ténacité de la communauté acadienne.

Aujourd’hui, la plus grande manifestation culturelle de l’Acadie se produit à chaque année au mois d’août pour la fête des Acadiens le 15 août et accueille plus de 60 000 festivaliers.

 

L’ancienne école Guigues, Ottawa, Ontario

Photo: Andrew Waldron

Construite en 1904, l’ancienne École Guigues est aujourd’hui l’un des symboles de la lutte pour la langue française en Ontario. Elle nous rappelle l’histoire marquante pour la communauté franco-ontarienne de la « Bataille des épingles à chapeaux ». En 1912, le Gouvernement provincial a mis en place le Règlement 17, qui interdisait l’enseignement de la langue française dans les établissements scolaires. Les sœurs Diane et Béatrice Desloges, enseignantes à l’École Guigues, refusèrent fermement de se conformer au règlement 17 et continuèrent leur enseignement en français malgré plusieurs confrontations par la commission scolaire. Ces nouvelles restrictions entraînèrent une révolution par un groupe de femmes, la plupart étant les mères des élèves, qu’on surnommait « les gardiennes » car elles bloquaient l’accès à l’école armées de ciseaux et d’épingles à chapeaux pour permettre aux sœurs Desloges de continuer leur enseignement. Le conflit continua pendant plusieurs années jusqu’à ce que le règlement 17 soit aboli en 1927, permettant enfin des écoles bilingues en Ontario.

En 1979, l’École Guigues a dû fermer ses portes vu le manque d’inscriptions. Le bâtiment a reçu sa désignation patrimoniale par la Ville d’Ottawa en 1980, mais a été laissé à l’abandon durant une dizaine d’années avant de réouvrir en tant que centre pour ainés francophones en 1994. Inauguré en tant que Centre des services Guigues en 1997, et récipiendaire d’un prix d’excellence pour la conservation du patrimoine, l’immeuble affiche aujourd’hui deux plaques commémoratives par la Ville d’Ottawa et par la Fiducie du patrimoine ontarien.

 

Sucrerie de la montagne, Rigaud, Québec

Photo: Sucrerie de la montagne

Fondée en 1978, la cabane à sucre La Sucrerie de la montagne offre une expérience culturelle québécoise à plus de 35 000 visiteurs chaque année. Avec ses bâtiments en bois ronds reconstruits de matériaux authentiques du 19e siècle, son terrain de plus de 120 acres et ses repas traditionnels, la sucrerie met en valeur la grande tradition québécoise des cabanes à sucres où, à chaque printemps, on se regroupe pour déguster des mets dérivés du sirop d’érable ainsi que chanter et jouer de la musique traditionnelle québécoise.

Bien que les cabanes à sucres québécoises soient apparues au début du XIXe siècle, la pratique de la récolte de sève d’érable remonte à bien avant l’arrivée des Français au Canada. La tradition d’origine autochtone de récolter la sève au printemps pour la transformer en sirop sera reprise par les Canadiens français pour devenir l’un des plus grands symboles patrimoniaux de cette culture. Les érables se retrouvant majoritairement dans la province de Québec, on produit dans cette province 70% de la distribution mondiale de sirop d’érable et de produits dérivés.

 

Photo en couverture: Sucrerie de la montage, Rigaud, Québec