Les quartiers chinois du Canada ne sont pas des musées, ce sont des communautés dynamiques qui rassemblent des personnes, des cultures, des histoires et des pratiques dans des zones de patrimoine urbain richement stratifiées. Pourtant, ce patrimoine vivant risque de disparaître si aucune action concertée n’est entreprise. Fondés sur ce qui était autrefois considérés des « territoires indésirables », la plupart des quartiers chinois du Canada se trouvent aujourd’hui sur les terrains les plus chers au cœur des centres urbains et sont devenus la cible d’accaparement des terres et de spéculation. En outre, la gentrification a entraîné une augmentation des loyers commerciaux dans plusieurs quartiers chinois (par exemple à Vancouver, Victoria et Calgary), ce qui a eu pour effet de chasser les anciennes entreprises héritées et d’augmenter le coût du logement, entraînant le déplacement des communautés traditionnelles.
Le quartier chinois de Montréal, par exemple, a été menacé en 2020 par de nouveaux projets de construction massive de condominiums, ce qui a donné lieu à une campagne publique de protection de la zone, qui a finalement culminé à des désignations patrimoniales provinciales et municipales en 2022. Bien que le tissu physique du quartier chinois de Montréal soit plus sûr, le patrimoine culturel immatériel et les réseaux de relations qui animent la zone restent menacés, une menace commune à la plupart des quartiers chinois d’Amérique du Nord. D’autres quartiers chinois canadiens sont au bord de l’effacement physique, comme celui de Lethbridge en Alberta, où il reste qu’un seul bâtiment après une série d’incendies et de démolitions récents. Au-delà de leur importance évidente pour l’histoire des personnes d’ascendance chinoise au Canada, les quartiers chinois ont historiquement joué un rôle essentiel en tant que lieux de refuge et d’appartenance pour de nombreux groupes marginalisés. Ils font partie des dernières enclaves ethniques survivantes dans de nombreuses villes et représentent souvent d’autres communautés marginalisées qui ont été rayées de la carte.
Des groupes comme la Fondation JIA, basée à Montréal, ont joué un rôle de premier plan dans la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les quartiers chinois du Canada. Des films documentaires comme Big Fight in Little Chinatown (2022) contribuent à mettre en lumière l’urgence de la situation et à galvaniser l’action, mais il reste encore beaucoup à faire pour sauvegarder et revitaliser le précieux, et de plus en plus précaire, patrimoine culturel immatériel de ces communautés urbaines vitales.
Lieu : national
Palmarès des 10 sites les plus menacés : 2024
Situation actuelle : Menacé