Le Beau Sauvetage : susciter un engouement pour le patrimoine partout au pays

Lancé lors de la Journée du patrimoine mondial, le 18 avril 2024, le concours Le Beau Sauvetage (qui en est maintenant à sa deuxième édition) a donné l’occasion de financer de façon dynamique la conservation de sites patrimoniaux.

Concourant pour un grand prix d’une valeur de 50 000 $ donné par Ecclesiastical, ainsi qu’un deuxième prix de 10 000 $ et un troisième de 5 000 $, les participants ont mobilisé le pays. Le vote du public, ouvert du 18 avril au 6 mai, a alimenté l’excitation, tout en entraînant de nombreux bénéfices pour les concurrents et en contribuant à sensibiliser la population canadienne à la valeur du patrimoine.

Montage photo des douze concurrents du concours Le Beau Sauvetage

Mettre en lumière notre histoire

Douze finalistes ont été sélectionnés en fonction de leur capacité à sauver un lieu historique, à réagir aux enjeux actuels (comme les changements climatiques, la diversité et l’inclusion) et à apporter une contribution au sein de leur collectivité. Les finalistes venaient de partout au pays, de Port au Port (Terre-Neuve-et-Labrador) à Qualicum Beach (Colombie-Britannique).

« La conservation du patrimoine cherche à répondre aux besoins contemporains et futurs des collectivités et non seulement à préserver quelque chose qui existait dans le passé », fait remarquer Patricia Kell, directrice générale de la Fiducie nationale. « Grâce à ce concours, nous contribuons à prolonger la vie de ces lieux patrimoniaux importants et favorisons une prise de conscience quant aux bénéfices qu’ils entraînent sur les plans social, environnemental, économique et du bien-être. »

Un concours à la une des médias nationaux

Le Beau Sauvetage a fait les gros titres à l’échelle du pays, sensibilisant la population à la question de la conservation patrimoniale. Les médias ont présenté les divers sites historiques qui concourraient afin que l’intérêt de leur préservation soit reconnu, passant des églises rurales avec un charme désuet aux édifices urbains grandioses. Les représentants de ces sites ont accordé des entrevues à des médias d’envergure (tels que Radio-Canada et National Post) et locaux (comme Timmins Today et Arichat Newspaper). En tout, 153 nouvelles ont été diffusées dans les journaux, à la radio, à la télévision et dans les médias en ligne, mettant en vedette le concours et captivant les Canadiens d’un océan à l’autre.

Mobiliser pour mieux soutenir la cause

Le concours a insufflé une vague d’énergie à la conservation patrimoniale, inspirant les collectivités à se rallier par le biais de campagnes sur les médias sociaux et d’évènements locaux. Cette mobilisation populaire a non seulement suscité une prise de conscience quant à l’importance de préserver le patrimoine au Canada, mais a aussi renforcé les liens qui unissent les communautés. Les équipes ont organisé des « vote-o-thons », ont invité des politiciens locaux à agir à titre de porte-paroles et ont reçu des fonds de contrepartie de la part de donateurs pour recueillir davantage de votes dans le cadre du concours.

Matériel promotionnel utilisé par Roxy Theatre sur Facebook

Une publication sur Facebook partagée par l’église Our Lady of Mercy Heritage de Tony Wakeham, leur membre de l’Assemblée législative, encourageant la participation électorale au concours.

« Les votes sont venus de partout, de la France à Honolulu »

Le concours s’est avéré excitant : plusieurs projets ont rivalisé au coude à coude pendant la période de vote du public. Parmi les douze finalistes, l’histoire remarquable de l’église patrimoniale Our Lady of Mercy à Port au Port West (Terre-Neuve-et-Labrador) a attiré l’attention. Tout d’abord à la traîne, le site a remonté la pente grâce à ces partisans qui ont lancé une vigoureuse campagne de soutien, interpellant la diaspora de Terre-Neuve-et-Labrador au Canada et plus loin encore. « Les votes sont venus de partout, de la France à Honolulu », rapporte Joanne Rose, trésorière pour le comité du complexe de Our Lady of Mercy. Leurs efforts ont été récompensés : la Painted Lady s’est hissée au sommet de la liste des concurrents à la toute fin de la période de vote, remportant la victoire.

Le concours Le Beau Sauvetage a non seulement permis d’offrir un financement essentiel à la conservation du patrimoine, mais il a aussi rassemblé les communautés à travers le Canada autour d’une mission commune. En mettant en vedette divers sites historiques et en assurant une large couverture médiatique, l’événement a mis en évidence la grande passion des Canadiens pour la préservation du patrimoine culturel de la nation.

Les gagnants du concours Le Beau Sauvetage

Grand prix (50 000 $), donné par Ecclesiastical – L’église patrimoniale Our Lady of Mercy, Port au Port West (Terre-Neuve-et-Labrador)

Photo de: Comité du Complexe Our Lady of Mercy

Les bâtiments de Our Lady of Mercy ont été construits par des pêcheurs, des agriculteurs et des mineurs locaux sur une période de quatorze ans, de 1911 à 1925. Cet effort colossal a été déployé sur une base volontaire, amenant des Acadiens, des Micmacs et des gens de la collectivité à travailler ensemble. En 2022, le comité du complexe Our Lady of Mercy a pris possession de l’église, qui constitue la plus grande structure en bois de Terre-Neuve. Son projet dans le cadre du concours Le Beau Sauvetage consiste à réparer l’extérieur du monument religieux afin de préserver l’histoire que l’église reflète.

Prix alloué à la 2e place (10 000 $) — LaSalle Theatre, Kirkland Lake (Ontario)

Photo de: Save the LaSalle

Le LaSalle Theatre fait partie des quelques théâtres de style art moderne (à la fin de l’époque de l’art déco) qui sont encore intacts en Amérique du Nord. Ouvert en 1939, il héberge maintenant une compagnie théâtrale florissante. De plus, il offre une vaste programmation cinématographique et des activités diversifiées, dans une région du nord-est de l’Ontario qui, autrement, est mal desservie. Restauré en 2013 par SaveTheLaSalle, le théâtre continue à prospérer en tant que centre culturel. Les travaux actuels visent à remettre le bâtiment dans le même état qu’en 1939 en rénovant son toit et son plafond à des fins de sécurité et en y louant deux appartements et un espace de bureau.

Prix alloué à la 3e place (5 000 $) — Nanton Grain Elevators, Nanton (Alberta)

 

Photo de : Centre de découverte des silos à grains canadiens

Les Nanton Grain Elevators, qui comprennent les trois derniers silos-élévateurs de Nanton, forment un important site historique constitué de cinq structures distinctes. Parmi ces dernières se trouvent les silos jumeaux Alberta Wheat Pool, un bâtiment administratif, un hangar à charbon, une annexe temporaire et un complexe de silos Pioneer. Le terrain occupé par le chemin de fer, autrefois à l’arrière des silos, remonte à 1896; il faisait partie de la subdivision Macleod. Les silos jumeaux ont été construits en 1927 et le troisième, en 1929. Alors que les silos-élévateurs devaient être démolis, un groupe de citoyens s’est mobilisé pour les acheter afin de sauver ce symbole des prairies. Le but de la coopérative est d’attirer les visiteurs et de leur offrir une nouvelle expérience tout en sauvegardant ces bâtiments historiques.

Finalistes du concours Le Beau Sauvetage

Le phare de Cape Bear — Murray Harbour (Île-du-Prince-Édouard)

Photo de: Le phare de Cape Bear

Le phare de Cape Bear, fonctionnel depuis 1881, fait l’objet de travaux afin de redynamiser son espace d’interprétation et faire en sorte que ses installations soient plus accessibles. Ces travaux impliquent de relocaliser Marconi Hall, construire une plateforme, installer une rampe d’accès et créer des sentiers pour faciliter la circulation sur le site. L’objectif est de rendre le lieu historique plus inclusif et attirant pour les visiteurs, tout en préservant son riche patrimoine qui remonte à la fin du XVIIIe siècle.

La Cité-des-Hospitalières — Montréal (Québec)

Photo de : Entremise

La Cité-des-Hospitalières se trouve au centre de Montréal. Ce projet vise à faire du site un bien commun au service de la collectivité montréalaise. Le complexe historique représente les valeurs des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph depuis 1860. La revitalisation de la Cité-des-Hospitalières suit une approche innovante en faveur de la transition écologique et sociale. Les espaces existants seront réutilisés et une occupation diversifiée est encouragée. Cette stratégie minimise l’empreinte environnementale de l’hôpital tout en renforçant le tissu social de la communauté.

Les maisons de l’île Greenly — Blanc-Sablon (Québec)

Photo de : Corporation de l’île Greenly

L’île Greenly abrite deux maisons de gardiens de phare patinées par le temps. Cet endroit est associé à un moment historique important : c’est là qu’a eu lieu l’atterrissage révolutionnaire de l’avion Bremen, le 13 avril 1928, concluant le premier vol transatlantique en direction de l’est. Le projet Greenly vise à restaurer et à préserver ces maisons en les transformant en espaces d’hébergement et d’interprétation, pour commémorer la riche histoire maritime et d’aviation de l’île.

Mon Keang — Vancouver (Colombie-Britannique)

Photo de : École Mon Keang, Association caritative de Wongs

L’école Mon Keang, fondée en 1925, se trouve au troisième étage du bâtiment historique de la Wong’s Benevolent Association, dans le quartier chinois de Vancouver. Première école à offrir la totalité de l’éducation de niveau secondaire en cantonais, Mon Keang a joué un rôle fondamental dans la préservation de cette langue. Les travaux de restauration incluent réparer la plateforme, changer la plomberie et les planchers, mettre au goût du jour les tuiles de la salle de bain et remplacer l’ancien éclairage par des luminaires D.E.L. appropriés au contexte contemporain de salles de classe.

Old St. Thomas Church – Moose Factory (Ontario)

Photo de : L’association Moose River Heritage and Hospitality

Construite aux environs de 1856 par des employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson en collaboration avec des artisans cris, cette église anglicane se trouve sur un ancien lieu de rencontre estivale dans le territoire du peuple môsonîwililiwak. À la suite de la désacralisation de l’église en 2006, le comité de restauration de la St. Thomas a entrepris de redéfinir le rôle du bâtiment. Ce dernier deviendra un centre culturel multifonctionnel qui intègrera des fonctions à la fois nouvelles et traditionnelles. Cette initiative cherche à encourager un développement holistique de la collectivité en proposant une programmation qui consolide les liens familiaux, la culture, les arts et la langue. Cette approche permettra de préserver la valeur historique de l’église tout en répondant aux besoins changeants de la collectivité.

Roxy Theatre — Coleman, municipalité de Crowsnest Pass (Alberta)

Le Roxy Theatre, bâti en 1948 sur la rue principale Coleman, est devenu un centre dynamique dans le domaine du divertissement après que l’opéra a été détruit dans un incendie. Reconnu pour son acoustique impeccable et son design intemporel, le Roxy est l’un des trois derniers théâtres de style Quonset au Canada. Le projet consiste à remettre à neuf ce symbole historique pour en faire un centre des arts de la scène. Ce centre multifonctionnel sera accessible au public et géré à titre d’entreprise à vocation sociale.

Le St. Andrew’s Lodge — Qualicum Beach (Colombie-Britannique)

Photo de : Société historique et culturelle de St. Andrews Lodge

Construit en 1938 sur une propriété située au bord de l’eau, le pavillon St. Andrew’s constitue un bon exemple du style architectural associé au mouvement Arts and Crafts. Le bâtiment représente une pierre angulaire de l’industrie touristique depuis plus de 80 ans. Son riche patrimoine se remarque dans ses détails, tels que des boiseries en cèdre ancestral, un foyer en pierres de rivière naturelles, des poutres de bois taillées à la main et des planchers de sapin clair. Le pavillon est sur le point d’être transformé en un centre dynamique qui rassemblera arts, culture et d’autres activités dans une optique non lucrative.

St. John’s Centre for the Arts – Arichat (Nouvelle-Écosse)

Photo de : Amis de St. John’s Arichat

Désacralisé en 2014 et laissé inoccupé, le bâtiment historique (érigé en 1895) a reçu une nouvelle fonction lorsque l’association des Friends of St. John’s Arichat en a pris possession en 2018. Le groupe souhaite y créer un centre artistique, tout en préservant la valeur patrimoniale du monument. Les travaux en cours impliquent une rénovation complète : le toit doit être réparé, les fenêtres, remplacées, et l’entrée du clocher, restaurée.

Welland Central Fire Station – Welland (Ontario)

Photo de : Initiative éducative de la gare centrale

Ce bâtiment de style édouardien classique témoigne de l’architecture des années 1920. Il s’agit de l’une des dernières casernes de pompiers de l’époque. On y trouve encore les équipements d’origine, les mâts de descente et les vieux camions, y compris des modèles de camions-citernes Gottfredson Bickle de 1926 et LaFrance de 1927. L’édifice a abrité une caserne de pompiers pendant près de cent ans. En 1993, il a été désigné bâtiment patrimonial, grâce à la Loi sur le patrimoine de l’Ontario. Le bâtiment a cependant cessé de servir de caserne en 2006. Les travaux qui visent sa restauration incluent la transformation du lieu en un centre communautaire multifonctionnel. De plus, des locaux y seront loués; il sera aussi possible d’y visiter le Fire Service Museum.