Mariana Esponda — Architecte spécialisée en conservation et cheffe de file en réutilisation adaptative
Depuis le début de sa carrière, Mariana Esponda œuvre dans le domaine du patrimoine et de la réutilisation adaptative. Inspirée par ses parents, eux-mêmes architectes spécialisés en conservation, Mme Esponda constate : « J’ai toujours été entourée par le patrimoine. C’était ancré dans mes racines. »
Détentrice d’une maîtrise en architecture de la Universidad Nacional Autónoma de México (UNAM), l’une de ses premières expériences a été d’effectuer une évaluation de condition en vue de l’adaptation du Colegio de San Ildefonso. Cet ancien collège jésuite, considéré comme le berceau du mouvement du muralisme mexicain, est devenu un musée et un centre culturel.
Cependant, les effets dévastateurs des tremblements de terre de magnitude 7,0 qui ont frappé le Mexique en juin et en septembre 1999 (endommageant près de 2 200 immeubles patrimoniaux) l’ont amenée à concentrer ses efforts sur les lieux patrimoniaux. « Les dommages causés par ces séismes ont mis en évidence la nécessité non pas seulement de travailler sur les bâtiments patrimoniaux, mais aussi de les protéger. J’ai décidé de poursuivre mes études sur ce sujet. » Mme Esponda a complété un doctorat à la Universitat de Catalunya en Espagne; sa thèse porte sur sur l’incompatibilité mécanique, physique et thermique du béton armé en tant que technique de restauration des bâtiments du patrimoine en Espagne et au Mexique.
Après ses études, Mme Esponda a travaillé comme architecte spécialisée en conservation sur diverses structures impressionnantes, à commencer par des aqueducs du premier siècle jusqu’à des façades de style Art nouveau. Cependant, c’est du projet de réutilisation adaptative du Paller D’Antonet, une construction typique du village de Llavorsí dans les Pyrénées, dont elle parle avec le plus de fierté. « Puisqu’il s’agissait d’une construction typique, j’ai dû effectuer des recherches en parlant avec les membres de la collectivité. De cette façon, j’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire de ce bâtiment, son rapport avec le paysage, et j’ai pris conscience de son importance pour la communauté. » Construit aux environs du XVIIe siècle, le Paller D’Antonet a d’abord servi de grange et d’habitation; plus récemment, il est devenu le siège social du Parc Naturel de l’Alt Pirineu.
Depuis 2008, Mme Esponda emploie son expertise dans le secteur de la conservation patrimoniale et de la réutilisation adaptative au Canada à titre de professeure titulaire à la Azrieli School of Architecture and Urbanism de l’Université Carleton. Elle est l’une des rares professeurs en architecture spécialisés en conservation au Canada. Elle est aussi titulaire d’une chaire de recherche pour le projet « Réutilisation adaptative pour un avenir durable » à l’Université Carleton. Il s’agit de l’un des quatorze groupes du partenariat de recherche « Qualité dans l’environnement bâti au Canada », subventionné par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. Ce groupe, qui en est à sa troisième année, s’intéresse à « la définition, la prévalence et l’impact de la réutilisation adaptative en ce qui concerne la qualité de l’environnement bâti ». Le projet préconise une approche globale de la réutilisation adaptative dans la région d’Ottawa. Dans ce cadre, un inventaire d’études de cas est constitué; celui-ci compte notamment des constructions inoccupées et sous-utilisées, comme des bureaux, des lieux de culte et des bâtiments industriels[1].
Comme l’observe Mme Esponda, « à cette époque pleine de défis sociaux (dont la crise mondiale du logement, un sentiment croissant de solitude et des centres-villes déserts), les projets de réutilisation adaptative favorisent la revitalisation par l’entremise de solutions innovantes. En comprenant mieux les effets négatifs de bâtiments laissés inutilisés sur nos collectivités et en s’inspirant de projets de réutilisation adaptative couronnés de succès, notre équipe cherche à cerner des lignes directrices clés en faveur de la préservation et de la réadaptation de bâtiments existants. Ces lignes directrices mettront l’accent sur la préservation du patrimoine, les environnements équitables, l’accessibilité et la durabilité. »
[1] Voir page 29 du rapport annuel 2022-2023, disponible dans la base de données du site Internet https://livingatlasofquality.ca/fr/home (Disponible en anglais seulement)