Les curiosités du programme Lieux Passeport

Lorsqu’on fait référence à un lieu historique, on pense aux hommes politiques qui y ont vécu, aux magnifiques inventions et avancées technologiques, aux matériaux archéologiques et aux objets domestiques. Ce à quoi vous ne pensez probablement pas, ce sont à ces objets bizarres qui vous font réfléchir et vous font dire « hein? ». Des veaux à deux têtes, de la taxidermie et des assassinats présidentiels, en passant par des bijoux en cheveux humains, et plus encore, Lieux Passeport regorge d’objets insolites et de curieuses coutumes qui ne manqueront pas de vous captiver.

Veau à deux têtes – Musée du comté de Huron, Goderich, Ontario

Vous pensez voir double? Eh bien non, ce veau a bien deux têtes! Ce spécimen de veau à deux têtes est très populaire parmi les visiteurs du Musée du comté de Huron. Il est né en 1936, non seulement avec deux têtes, mais aussi avec deux queues!

Vous ne vous lassez pas de ce veau à deux têtes? Bonne nouvelle : en fait, le Musée du comté de Huron héberge un autre veau à deux têtes né près de Walton en 1925. Faites une visite en personne pour le voir par vous-même et découvrez le reste de ce que le Musée a à offrir.

Broche de cheveux – Bell Homestead, Brantford, Ontario

C’est ce qu’on appelle un cadeau personnalisé! Cette broche faite sur mesure, offerte par Alexander Merville Bell (le père d’Alexander Graham Bell) à sa femme, est ornée des cheveux de leurs trois fils : Melville, Alexander et Edward. Ce cadeau peut sembler étrange, mais à l’époque victorienne, les objets à base de cheveux, ou les bijoux fabriqués avec des cheveux humains, les bijoux commémoratifs en cheveux étaient très courants et ce cadeau aurait été offert en signe d’amour et d’affection.

Chaussure dans le mur – Maison Lougheed, Calgary, Alberta

Il y a quelque chose dans les murs de la Maison Lougheed… et c’est une chaussure! En 1891, alors que l’on mettait la dernière main à cette maison, une chaussure d’enfant a été glissée dans le mur pour y être scellée pour l’éternité. Plus d’un siècle plus tard, lors des travaux de restauration de la Maison Lougheed, un mystère a fait surface : à qui appartenait cette chaussure et pourquoi l’avoir scellée dans le mur? En Europe, la tradition datant de plusieurs centaines d’années qui consistait à cacher une chaussure dans le mur d’une maison signifiait que la maison était protégée des forces maléfiques ou des mauvaises influences. La chaussure était toujours usée et appartenait presque toujours à un enfant. À l’apogée de la popularité de cette tradition au XIXe siècle, il semble que l’un des constructeurs de la Maison Lougheed l’ait glissée à l’intérieur du mur en guise de bon présage. Aujourd’hui, la chaussure a été déplacée de la salle de jeux du troisième étage pour que tous les visiteurs de la Maison Lougheed puissent en profiter. Mais ne vous inquiétez pas, la Maison Lougheed a tout de même veillé à conserver une chaussure dans son emplacement d’origine juste au cas où : une tong moderne d’enfant!

Ours Schuco – Musée Dalnavert, Winnipeg, Manitoba

Ce petit personnage de la collection du Musée Dalnavert est un ours Schuco. Il s’agit d’un ourson en mohair qui ne mesure que 12 cm en position debout. Il est équipé de bras et de jambes mobiles, de petits yeux en verre noir, d’un nez et d’une bouche cousus. Mais le plus surprenant, c’est que sa tête se détache pour révéler un flacon de parfum en verre doré! Il semble que le flacon n’ait jamais été ouvert, mais le parfum s’est évaporé depuis longtemps. L’ours a élu domicile au Musée Dalnavert dans l’exposition sur la crèche.

C’est la compagnie allemande Schreyer & Co (souvent abrégée en Schuco) qui a fabriqué ces ours des années 1920 aux années 1970. Sa gamme d’ours miniatures s’appelait Piccolo en raison de la petite taille de ces ours. Conçus pour être assez petits pour tenir dans un sac à main, d’autres ours contenaient des articles de toilette comme du rouge à lèvres, des miroirs de poche ou des kits de manucure.

Porte vers Nulle part – Château Craigdarroch, Victoria, Colombie-Britannique

Dans la salle à manger du château Craigdarroch, à gauche du buffet encastré, se trouve une porte mystérieuse. Un rapide coup d’œil par la fenêtre permet de constater que cette porte ne mène… nulle part! À l’extérieur, une chute de 5 pi donne directement sur la pelouse. On ne sait pas à quel usage cette porte était destinée. Les plans originaux du château ont été perdus au fil du temps et, malgré des fouilles approfondies, ils n’ont pas encore été retrouvés.

La construction du château Craigdarroch a débuté en 1887. Le projet a presque immédiatement connu une tragédie lorsque l’architecte Warren H. Williams est décédé quatre mois seulement après le début de la construction du château. Il a laissé le bâtiment aux mains de son assistant, Arthur L. Smith. La tragédie frappera à nouveau en 1889 avec la mort soudaine de Robert Dunsmuir lui-même. Ce dernier mourut 17 mois seulement avant que Craigdarroch, la maison de ses rêves, ne soit achevée. Après la mort de Robert, ses fils, James et Alexander, ont supervisé la construction du château pour le compte de leur mère, Joan Dunsmuir. Peut-être les plans de Craigdarroch ont-ils été perdus au cours du changement de supervision?

Joan Dunsmuir ne s’est jamais sentie à l’aise à Craigdarroch, déclarant à un ami qu’elle trouvait le château « ostentatoire ». Peut-être y avait-il des plans pour une chambre supplémentaire que Joan a interrompus. Ou peut-être que la réponse à la mystérieuse Porte vers Nulle part relève de quelque chose de bien plus étrange.

Au fil des ans, nos visiteurs ont partagé de nombreuses théories à son sujet : Peut-être était-elle utilisée pour se débarrasser des invités impolis? Ou pour faire passer un cercueil si une veillée funèbre était organisée dans la maison? Ou, plus étrange encore, cette porte était peut-être utilisée pour se débarrasser des mauvais esprits qui s’attardaient dans la maison. Qu’en pensez-vous? Venez visiter le château Craigdarroch et voyez par vous-même.

Foyer miniature – Morrin Centre, Québec, Québec

Lorsque le temps se rafraîchit à Québec, la chaleur d’un beau foyer comme celui-ci peut être la bienvenue. Son élégant manteau noir est orné de lions peints en or et d’une couronne à trois plumes. Des fleurs, deux pilastres et d’autres motifs stylistiques décorent le manteau en fonte, complété par un pare-feu en laiton. Est-ce que cela ressemble au foyer de vos rêves?

Malheureusement, il n’aurait probablement pas fonctionné dans la plupart des maisons, puisque ce foyer ne mesure que 5 cm de haut. Dans les années 1800, les magasins exposaient ces foyers miniatures pour que les clients puissent les voir avant de choisir le modèle qu’ils souhaitaient pour leur maison.

Ce foyer miniature en particulier provient probablement du magasin de John Rickaby, un ébéniste qui a immigré à Québec depuis l’Irlande en 1820. Cependant, dans la ville de Québec du XIXe siècle, il aurait pu être aussi connu sous le nom de Rickaby l’embaumeur ‒ à l’époque, l’ébénisterie, la fabrication de meubles et la fabrication de cercueils étaient considérées comme un seul et même métier. Imaginez un seul endroit qui réponde à vos besoins en matière de foyer et de cercueil!

Ce foyer miniature (LHSQ 2004-190) fait partie de la collection Stephens, donnée à la Société littéraire et historique de Québec par Mary Hilda Freeland Stephens (1911-1999).

(Rédigé et présenté par Hee-Won Son, coordonnatrice du patrimoine et des visites guidées au Morrin Centre)