La conservation du patrimoine en tant qu’action pour le climat

Avancées prometteuses au Forum mondial Bâtiments et climat (Paris, les 7 et 8 mars 2024)

Le puissant rôle que la culture et le patrimoine peuvent jouer dans l’action pour le climat suscite un intérêt croissant aux grands forums mondiaux jadis dominés surtout par des voix technocratiques. Depuis la COP26 à Glasgow, c’est le message qu’a claironné le Réseau Patrimoine Climatique (RPC), un regroupement international de bénévoles de 250 organisations qui croient que la culture – des arts jusqu’au patrimoine – peut servir à une action climatique transformatrice en amenant à imaginer et préparer des avenirs sobres en carbone, équitables et résilients aux changements climatiques. À la COP28 de Dubaï en décembre dernier, le RPC a lancé avec succès un appel sur le thème de « la culture au cœur de l’action climatique », pour que soit prise une « décision de travail conjoint sur la culture et l’action climatique ». Désormais, la culture et le patrimoine feront partie du travail de l’ONU visant une solution climatique.

Un des résultats immédiats est que le Forum mondial Bâtiments et climat (Paris, les 7 et 8 mars 2024), organisé sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’environnement, a mis en vedette d’importantes voix du RPC – voir les vidéos de séances de la conférence ici (disponibles en anglais seulement). On peut noter en particulier la séance 16, sur le potentiel du patrimoine et de l’environnement bâti existant, et la séance 9, sur la suffisance et l’environnement bâti. Y a pris la parole l’architecte canadien Lloyd Alter, auteur de l’ouvrage The Story of Upfront Carbon: How a Life of Just Enough Offers a Way Out of the Climate Crisis.

La séance 9, sur la suffisance et l’environnement bâti avec Yamina Saheb (IPCC) et Cédric Borel (A4MT). Photo: Lloyd Alter

Les réunions de Paris ont abouti à la Déclaration de Chaillot, appuyée par le Canada, qui constitue le premier plan pour l’orientation et la surveillance de la décarbonisation dans le secteur du bâtiment. La Déclaration présente aussi, peut-être pour la première fois, la réutilisation des immeubles comme une action climatique élémentaire à la fois pour la décarbonisation et pour des enjeux environnementaux plus vastes. La Déclaration note que « 100 milliards de tonnes de déchets sont générés chaque année par les processus de construction, de démolition et de rénovation; la plus grande partie de ces matériaux sont gaspillés à l’issue de ces processus, dont environ 35 % aboutissent dans des sites d’enfouissement ». Elle ajoute que « cette surexploitation de ressources naturelles est un facteur majeur de perte de biodiversité et de dégradation environnementale (2.3) ». En conséquence, elle affirme la nécessité de « prioriser la réutilisation, l’adaptation et la rénovation d’immeubles et infrastructures pour minimiser l’utilisation de ressources non renouvelables, maximiser l’efficacité énergétique et parvenir à une neutralité climatique durable (5.2.2) ».

La suffisance et l’environnement bâti avec Lloyd Alter (architecte et auteur), Véronique Richalet (CEREMA), et Robin Van Leuen 9Housing Europe AEDES). Photo: Lloyd Alter

Dans les mois à venir, le but est de poursuivre le travail à la COP29, puis lancer des recommandations à la COP30 afin de développer l’action climatique fondée sur la culture. Restez à l’écoute pour connaître d’autres nouvelles de la scène mondiale et des façons de vous impliquer.