Une large porte noire en fer entrebâillée devant l’édifice du Centre de la Colline du Parlement, entourée de gens en équipement de protection individuelle. (Crédit photo : Sénat du Canada)

Gardiens de la porte de la Reine : restauration d’un bien patrimonial de la Colline du Parlement

Installée en 1876, la porte de la Reine en fer forgé est l’un des plus anciens éléments caractéristiques de la Colline du Parlement. On la voit ici sur une photo d’archive prise en 1900 par Alexander W. Galbraith devant l’édifice du Parlement original, qui a été détruit dans l’incendie de 1916. (Crédit photo : Archives de la ville de Toronto, Fonds 1568, article 208)

Installée en 1876, la porte de la Reine en fer forgé est l’un des plus anciens éléments caractéristiques de la Colline du Parlement. On la voit ici sur une photo d’archive prise en 1900 par Alexander W. Galbraith devant l’édifice du Parlement original, qui a été détruit dans l’incendie de 1916. | Crédit photo : Archives de la ville de Toronto, Fonds 1568, article 208

Depuis près de 150 ans, une porte en fer sur la rue Wellington est la principale voie d’entrée solennelle de la Colline du Parlement. Majestueuse, imposante et ornée de motifs complexes, elle a été nommée porte de la Reine en l’honneur de la reine Victoria, monarque au long règne qui occupait le trône britannique lorsque le Canada est devenu un pays au 19e siècle.

Elle a fait l’objet de travaux de restauration et est maintenant prête pour les 150 prochaines années.

« La porte est une œuvre d’art et a une très grande importance culturelle, patrimoniale et architecturale », affirme Rebecca Casagrande, spécialiste des matériaux de conservation à Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC).

« Il est important pour SPAC de préserver cette porte pour les futures générations. »

Selon Rebecca Casagrande, conseillère et technologue en conservation à Services publics et Approvisionnement Canada, il faut préserver la porte de la Reine du Parlement en raison de sa « grande importance culturelle, patrimoniale et architecturale ». (Crédit photo : Sénat du Canada)

Selon Rebecca Casagrande, conseillère et technologue en conservation à Services publics et Approvisionnement Canada, il faut préserver la porte de la Reine du Parlement en raison de sa « grande importance culturelle, patrimoniale et architecturale ». | Crédit photo : Sénat du Canada

Conçue dans le style néogothique de la grande époque victorienne par l’architecte canadien Frederick J. Alexander, fabriquée à Montréal par H.R. Ives and Company en 1872, puis installée en 1876, la porte de la Reine est plus ancienne que les monuments les plus reconnaissables de la Colline : l’édifice du Centre, la Tour de la Paix et la flamme du centenaire.

Sa longévité impressionnante peut s’expliquer par les matériaux utilisés, soit un mélange de fonte et de fer forgé de grande qualité provenant du Royaume‑Uni.

L’exposition aux éléments et aux sels de voirie au fil du temps a entrainé la détérioration que l’on peut voir ici sur la porte de la Reine avant le début des travaux de restauration. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

L’exposition aux éléments et aux sels de voirie au fil du temps a entrainé la détérioration que l’on peut voir ici sur la porte de la Reine avant le début des travaux de restauration. | Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada

« À l’époque, elle était considérée comme le plus bel exemple de ferronnerie en Amérique du Nord », indique Mme Casagrande, qui a formulé des conseils et une orientation techniques à l’équipe du projet de restauration.

Enlèvement

La porte centrale principale et les deux petites portes pour piétons situées de chaque côté ont été retirées du mur situé sur la rue Wellington en mars 2024.

En raison de leur poids considérable (rien que la porte principale pèse autant qu’un rhinocéros noir adulte), une grue mobile a été utilisée pour les enlever et les charger dans des camions.

Elles ont ensuite été transportées jusqu’à l’atelier de Restauration Dominion situé sur la Rive-Sud de Montréal. Il s’agit de l’entreprise canadienne spécialisée dans la restauration de matériaux à valeur patrimoniale qui a obtenu le contrat pour les restaurer.

Restauration

Un spécialiste de la restauration du métal à valeur patrimonial inspecte une partie de la porte de la Reine à l’atelier de Restauration Dominion à Montréal. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Un spécialiste de la restauration du métal à valeur patrimonial inspecte une partie de la porte de la Reine à l’atelier de Restauration Dominion à Montréal. | Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada

La porte semble constituée d’un seul tenant, mais chaque battant compte en fait quelque 300 éléments distincts. Chaque traverse, plaque et élément décoratif (notamment des feuilles, des fleurs et des volutes) constitue une œuvre d’art en soi.

Chaque traverse, plaque et élément décoratif de la porte de la Reine, comme cette fleur, est une œuvre d’art en soi. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Chaque traverse, plaque et élément décoratif de la porte de la Reine, comme cette fleur, est une œuvre d’art en soi. | Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada

Mark Jones, président de Restauration Dominion, raconte que son équipe a découvert quelque chose de surprenant qui a confirmé la qualité supérieure du fer forgé qu’elle manipulait.

« Nous avons trouvé un cachet de fabricant qui indiquait “meilleure chaudière”, et nous savons donc que le choix des matériaux était de premier ordre », explique M. Jones.

« Lorsqu’il est question de qualité, le fer forgé “chaudière” ou “chaîne de bateau” correspondait aux catégories supérieures puisqu’il avait été mis à l’essai. À l’époque, cela signifiait que les matériaux pouvaient servir à fabriquer une chaudière ou un appareil à pression et qu’ils étaient assez solides pour retenir un bateau. »

Au cours du 20e siècle, la production commerciale de fer forgé a décliné et a cessé complètement avec l’avènement de l’acier doux, qui était moins cher et plus facile à produire en masse. M. Jones s’est approvisionné en fer forgé recyclé et authentique auprès de l’un des derniers fournisseurs au monde.

Deux spécialistes de la restauration du métal à valeur patrimonial reconstituent la porte à l’atelier de Restauration Dominion. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Deux spécialistes de la restauration du métal à valeur patrimonial reconstituent la porte à l’atelier de Restauration Dominion. | Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada

Pour la restauration proprement dite, l’équipe de Restauration Dominion a d’abord enlevé la rouille et les vieilles couches de peinture. Elle a ensuite plongé les différentes composantes dans un bain d’acide phosphorique afin de transformer la rouille cachée en phosphate de fer pouvant être éliminée à la brosse.

Les portes ont ensuite été rassemblées, recouvertes d’un apprêt au zinc, essuyées avec un solvant afin de protéger le fer fraîchement nettoyé et de le préserver de la rouille, puis repeintes.

Réinstallation

Après avoir retrouvé sa splendeur d’origine, la porte de la Reine a été ramenée à Ottawa, puis réinstallée en juin 2025.

Jones, qui est issu de générations de constructeurs, affirme qu’il a été honoré de restaurer ce qu’il considère comme le plus important bien patrimonial en fer du Canada et qu’il est fier du travail accompli par son équipe.

Mark Jones, président de Restauration Dominion, participe à la réinstallation de la porte de la Reine sur la Colline du Parlement en juin 2025 après que son équipe lui eut restauré. (Crédit photo : Sénat du Canada)

Mark Jones, président de Restauration Dominion, participe à la réinstallation de la porte de la Reine sur la Colline du Parlement en juin 2025 après que son équipe lui eut restauré. | Crédit photo : Sénat du Canada

« Je pense qu’il faut rendre hommage à l’œuvre et aux artisans », a déclaré M. Jones. « Nous avons travaillé très fort, mais, à l’époque, les gens ne disposaient pas de la moitié des outils que nous avons maintenant. Les grilles ont été faites à la main, sur un feu, dans une forge, avec un marteau et une enclume ».

Une barre de fer est forgée dans le cadre de la restauration de la porte de la Reine patrimoniale du Parlement. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Une barre de fer est forgée dans le cadre de la restauration de la porte de la Reine patrimoniale du Parlement. | Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada

Cet article a été publié dans SenCA+, le magazine numérique du Sénat du Canada, le 8 septembre 2025.

En février 2019, le Sénat s’est installé dans l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare construite en 1912. Il occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre, sa demeure permanente.

Même si l’édifice du Centre est fermé pendant les travaux, le public peut continuer d’admirer son architecture et ses œuvres d’art grâce à la visite virtuelle immersive du Sénat.