Comment les arts s’épanouissent dans des immeubles religieux

L’équipe du programme Leading and Learning de l’organisme La foi et le bien commun s’est remise en route (cette fois avec la merveilleuse Erika Hennebury), en direction de Montréal.

Vous vous rappellerez peut-être que le Conseil des Arts de Toronto, Artsbuild Ontario, La foi et le bien commun et le centre Trinity-St. Paul ont reçu une aide de la Fondation Metcalf pour explorer des modèles de cohabitation des arts et de la foi. Nous voici au quatrième blogue de la série. Les précédents relataient ce que nous avons découvert à Philadelphie et à New York.

À Montréal, nous avons commencé à l’église unie St. James, en rencontrant sa directrice générale (un titre inusité dans le milieu ecclésiastique, mais dont j’approuve de tout cœur) Dianne Ellison et le révérend Arlen Bonnar. L’église de la rue Sainte-Catherine, dans le Quartier des spectacles, a été construite en 1888. Elle est un lieu historique national du Canada, visité chaque année par quelque 40 000 touristes.

Les responsables de St. James veulent aider le public à comprendre la ressource et à voir comment elle peut faire partie de leur vie. Comme le dit le révérend : « Ce n’est pas un lieu sacré quand il ne sert pas à un usage sacré. C’est criminel de laisser l’immeuble vide au lieu de servir à la ville et aux arts. » Voilà qui est bien dit.

St. James abrite en ses murs le restaurant-théâtre Le Balcon, doté d’un dispositif complet d’éclairage et de scénarisation. Son local permanent peut être utilisé par l’église sous réserve d’arrangements préalables, mais sinon, c’est Le Balcon qui en est maître. C’est du reste la présence du Balcon qui fait de St. James une partie prenante du Quartier des spectacles, un secteur culturel et touristique de Montréal. Elle attire sans doute un surcroît de visiteurs à St. James, qui était en effet très fréquenté le jour où nous y étions.

St. James s’est aussi défini en fonction de ses environs, utilisant le concept de Square St. James pour mettre en valeur l’espace de rassemblement public devant l’église. Cette place a servi à un éventail d’activités, depuis des commémorations publiques jusqu’à des spectacles musicaux ou des lancements d’entreprises.

À notre deuxième escale de la journée, nous avons rendu visite à Boran Zaza, directrice musicale de l’Oasis Musicale, un projet de la cathédrale Christ Church. Selon son site Web, l’Oasis Musicale vise à promouvoir la cathédrale Christ Church comme centre culturel aussi bien que spirituel au cœur de Montréal, à former des partenariats avec la communauté des arts – et en particulier les jeunes artistes locaux – et à tisser des liens dans la communauté locale. La communauté, les arts et de magnifiques lieux, voilà autant de choses que j’aime!

Mme Zaza organise un concert chaque semaine avec des musiciens émergents en tous genres, depuis le classique jusqu’au jazz ou au pop. Nous avons discuté de la possibilité offerte à ces artistes de se produire dans un tel lieu, mais aussi de la possibilité que cela représente pour elle en tant que jeune organisatrice. La cathédrale paie la moitié de son salaire à même son budget, et l’autre moitié vient des recettes des spectacles. Les artistes sont payés sur les recettes, et reçoivent habituellement un cachet très raisonnable. La cathédrale fait la promotion des concerts, comme le font aussi les artistes, ce qui assure généralement une très bonne assistance. Ce modèle a ceci de merveilleux que l’église soutient la progression de jeunes artistes sans guère courir de risques, dans un lieu prestigieux. En même temps, un nouveau public découvre la magnifique église et il se forme de nouveaux liens avec la communauté.

Enfin, nous avons achevé la journée en allant voir Aura, dans la basilique Notre-Dame de Montréal. Aura est un spectacle de projection immersive au sein de la basilique. Cette création de Moment Factory jongle avec la lumière et la musique (Marc Bell et Gabriel Thibaudeau) pour faire découvrir les trésors que recèle la richesse architecturale de la basilique. Il s’agit d’une expérience unique, de voir le talent d’un concepteur d’éclairages et de projections allant à la rencontre du talent d’un architecte de jadis pour donner un spectacle d’hommage à la conjugaison du séculaire et du sacré.

Ainsi, les thèmes de cette première journée à Montréal ne sont pas différents de ceux de Philadelphie ou de New York. Ils sont seulement plus jeunes, et se situent sur une autre échelle. Nous voyons toujours un sincère désir de se laisser inspirer par les arts et d’inspirer les arts. Il y a aussi un refus absolu de censurer les arts de quelque façon que ce soit. Enfin, il y a une véritable conviction que cela nous grandit, d’explorer les arts dans des immeubles religieux, en considérant la communauté et sa propre personne dans une optique holistique.

Le jour 2, nous irons à St. Jax et à la Salle Bourgie. Restez à l’écoute! Par ailleurs, tout en explorant les possibilités de collaboration entre les arts et la foi, j’ai travaillé à des projets pour concrétiser. Voyez ce qui en est, à www.creativecollisions.org, et avec une baladodiffusion sur les arts, la foi et l’embourgeoisement, à Artspond.